(Ottawa) Une enquête de six mois sur la conduite du plus haut officier militaire du Canada, l’amiral Art McDonald, s’est terminée sans que des accusations soient portées.

Le grand prévôt et brigadier général Simon Trudeau l’a annoncé dans un communiqué jeudi soir.

Simon Trudeau affirme que la police militaire a identifié et interrogé un grand nombre de témoins potentiels, ce qui a conduit les enquêteurs à conclure qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour étayer le dépôt d’accusations.

« Le Service national des enquêtes des Forces canadiennes (SNEFC) a été en mesure d’identifier et d’interroger un grand nombre de témoins potentiels », a déclaré Simon Trudeau. « Les preuves recueillies auprès de ces témoins ont été prises en compte dans la détermination ultime que les preuves n’appuyaient pas le dépôt d’accusations. »

La décision ouvre la voie au retour d’Art McDonald à son poste de commandant des Forces armées canadiennes après avoir volontairement démissionné en février en raison de révélations sur l’enquête de la police militaire.

Mais cela est également susceptible de susciter de nouvelles questions sur la capacité de l’armée à traiter correctement les allégations d’inconduite impliquant des officiers supérieurs.

Art McDonald a annoncé en février qu’il se retirait de son propre chef de son poste de commandant des Forces armées canadiennes à peine cinq semaines après son entrée en fonction en raison d’une enquête sur sa conduite.

La nature de l’allégation contre lui n’a pas été confirmée publiquement, mais la CBC a rapporté en février qu’il s’agissait d’une allégation d’inconduite sexuelle remontant à l’époque où il commandait un navire de guerre canadien en 2010.

« Pas surprise »

Global News avait rapporté que la lieutenante Heather Macdonald, ingénieure en systèmes de combat naval, était à l’origine de l’allégation contre Art McDonald. Global a cité Heather Macdonald vendredi en écrivant qu’elle était bouleversée par la décision de la police militaire.

« Je ne suis pas surprise, car c’est exactement pourquoi j’étais réticente à me manifester et pourquoi la plupart des survivantes ne se manifestent pas. Ça ne vaut pas le coup. J’ai un peu l’impression d’avoir vécu l’enfer pour rien », a déclaré Heather Macdonald.

« J’ai un peu l’impression d’avoir reçu un coup de poing dans le ventre. »

Simon Trudeau, dans sa déclaration, a souligné l’indépendance des enquêteurs de la police militaire : « Le SNEFC mène ses enquêtes de manière approfondie et professionnelle, indépendamment de la chaîne de commandement. »

Il a ajouté qu’aucune autre information ne serait fournie.

Vendredi, le porte-parole du ministre de la Défense Harjit Sajjan, Todd Lane, a refusé de répondre à des questions concernant l’éventuelle réintégration d’Art McDonald au poste de chef d’état-major de la Défense.

Art McDonald n’a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

M. McDonald avait succédé en tant que chef de la défense à Jonathan Vance, qui a été inculpé le mois dernier d’un chef d’entrave à la justice à la suite d’une enquête distincte de la police militaire sur des allégations selon lesquelles il aurait eu un comportement sexuel déplacé.

Jonathan Vance a nié tout acte répréhensible et son dossier a été renvoyé devant la justice civile.

Les allégations contre Jonathan Vance, Art McDonald et d’autres officiers supérieurs ont incité les Forces armées canadiennes à faire, encore une fois, un bilan sur les inconduites sexuelles au sein de l’armée, ce qui comprenait des mois d’audiences parlementaires et des promesses d’action de la part du gouvernement et de l’armée.

À l’origine d’une grande partie de la crise se trouvaient des questions d’équité et de responsabilité dans la façon dont l’armée traite de telles allégations, avec des inquiétudes selon lesquelles les officiers supérieurs sont traités moins sévèrement que ceux qui se trouvent en bas de l’échelle.

Ces inquiétudes coïncidaient avec un rapport du juge à la retraite de la Cour suprême Morris Fish en juin qui notait qu’il est légalement impossible de traduire en cour martiale le plus haut commandant militaire du Canada, bien que les affaires pénales puissent être traitées par le système civil.

Le gouvernement a également demandé à la juge à la retraite de la Cour suprême Louise Arbour d’examiner et de formuler des recommandations spécifiques sur la façon de mieux prendre en charge les agressions sexuelles, le harcèlement et d’autres inconduites au sein des Forces armées.