(Montréal) Les Canadiens auraient intensifié leur consommation de fentanyl, de cannabis et de méthamphétamine au début de la pandémie, laissent croire les résultats de la plus récente Enquête canadienne sur les eaux usées (ECEU) de Statistique Canada.

L’enquête est menée depuis mars 2019 dans cinq grandes villes du pays, dont Montréal.

En analysant des échantillons d’eaux usées, on peut estimer la quantité de métabolite d’une drogue donnée (un produit chimique créé lorsque le corps métabolise une drogue) qu’on retrouve dans le système de traitement des eaux usées. Cela peut ensuite refléter la quantité globale de cette drogue consommée par la population d’une région donnée.

Parmi les 14 drogues mesurées, une augmentation importante de la consommation de cannabis, de fentanyl et de méthamphétamine a été observée au début de la pandémie, prévient Statistique Canada dans un communiqué.

L’enquête montre dans un premier temps que les niveaux du métabolite du cannabis ont grimpé en avril et en mai 2020, les premiers mois de la pandémie, par rapport à mars. En avril 2020, le niveau de métabolite du cannabis retrouvé dans les eaux usées était 28 % plus élevé qu’en mars 2020. Les niveaux de métabolite sont ensuite revenus aux niveaux observés avant la pandémie.

D’autres données de Statistique Canada avaient révélé que plus du tiers des personnes qui avaient déjà consommé du cannabis déclaraient que leur consommation avait augmenté pendant la pandémie.

Les estimations du métabolite du cannabis étaient les plus élevées à Halifax à la fois en 2019 et en 2020, et les plus faibles à Montréal et à Toronto. Cela correspond aux tendances constatées à l’échelle provinciale et territoriale dans le cadre de l’Enquête nationale sur le cannabis de 2019.

Fentanyl et amphétamine

L’augmentation dans les eaux usées était encore plus dramatique pour le fentanyl, un analgésique synthétique de la famille des opioïdes qui peut être prescrit pour contrôler une douleur intense, mais qui fait aussi des ravages parce qu’il est facilement disponible sur le marché noir.

En moyenne, a dit Statistique Canada, les charges de fentanyl retrouvées dans les eaux usées avaient doublé en mai et pratiquement triplé en juin et en juillet 2020, comparativement aux mois précédant la pandémie.

Les charges de fentanyl par habitant étaient plus de quatre fois plus élevées à Vancouver que dans toute autre ville en 2019 et 2020 ; Halifax et Montréal affichaient les plus bas niveaux.

Des données provinciales et territoriales montrent que le nombre de décès apparemment liés à la consommation d’opioïdes, dont la majorité impliquait du fentanyl non pharmaceutique, a culminé entre avril et septembre 2020, dans la foulée de la mise en place des mesures de prévention contre la COVID-19.

La situation est un peu moins catastrophique du côté de la méthamphétamine. Si les niveaux retrouvés dans les eaux usées ont également augmenté au début de la pandémie, la hausse s’est produite plus tard (en mai et en juin) et les niveaux ont reculé dès juillet en deçà des niveaux observés avant la pandémie.

En revanche, en comparant les premiers mois de la pandémie à la période correspondante en 2019, on constate une augmentation des charges de méthamphétamine tôt au cours de la pandémie.

Les résultats de l’ECEU montrent enfin que les charges de méthamphétamine étaient les plus élevées à Edmonton en 2019 et en 2020 et qu’il y avait environ deux fois plus de méthamphétamine dans les eaux usées par habitant qu’à Vancouver, conclut Statistique Canada.