La Ville de Laval vient d’adopter un programme de primes pour son personnel de direction, en plus de lui accorder cinq jours de congé supplémentaires, une décision dénoncée par l’opposition.

Le nouveau « programme de reconnaissance », doté d’une enveloppe de 60 000 $ en 2021, s’adresse aux 65 employés de direction, à l’exclusion du directeur général. Il a été adopté lors de la dernière assemblée du conseil municipal, la semaine dernière.

« Il s’agit d’un projet pilote qui vise à récompenser la contribution des membres de la direction lors d’une situation exceptionnelle de dépassement et d’effort ou lors d’une situation exceptionnelle liée à un évènement majeur », explique la porte-parole de Laval, Anne-Marie Braconnier.

« Ce programme n’est pas rétroactif et n’est pas lié à la pandémie. »

Comme récompense, certains membres du personnel de direction recevront une prime sous forme de somme forfaitaire. « Le programme est discrétionnaire et sans obligation pour la Ville, et les scénarios de distribution sont à finaliser », précise Mme Braconnier.

Ce programme s’ajoute aux augmentations salariales de 2 % par année pour les membres de la direction de la Ville.

Laval a pris cette décision après une étude de « positionnement de marché » menée par une firme externe spécialisée dans ce domaine en utilisant comme référence de grandes municipalités, des sociétés de transports publics et de services publics, indique la porte-parole de la Ville.

« Cette étude a démontré que plus de 75 % des organisations reconnaissent la contribution de leurs cadres de direction soit dans les augmentations salariales, soit dans de la bonification, ou les deux. C’est dans cet esprit, afin de demeurer compétitive, de favoriser la mobilisation et de retenir les talents, que la Ville a mis en place ce projet pilote », dit-elle.

La Ville de Montréal, par exemple, offre généralement des bonis de performance à ses 1800 cadres. En 2018 et 2019, ces récompenses ont coûté entre 6,3 et 6,4 millions. Pour 2020, on s’attendait à payer 6,7 millions, mais l’administration municipale a décidé l’automne dernier de ne pas verser les bonis, en raison de la situation budgétaire difficile. Ils ont été remplacés par trois jours de congé.

De 5 à 10 jours de congé supplémentaires

En plus du programme de prime, la Ville a ajouté cinq jours de congé supplémentaires aux employés de direction.

De plus, le personnel de direction sera admissible à une cinquième semaine de vacances après un an de service, alors qu’il fallait auparavant patienter huit ans pour y avoir droit.

Cela signifie que certains employés obtiennent du même coup 10 jours de congé de plus.

« Nous sommes absolument en désaccord avec cette bonification rapide des conditions de travail », a réagi Michel Trottier, chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville et candidat à la mairie, lors de la réunion du conseil municipal.

« Un cadre de la Ville de Laval, c’est justement un employé performant qui est embauché pour faire face à des situations extraordinaires. Le travail à faire, c’est ce qu’on attend d’eux. »

M. Trottier a qualifié cette proposition de « gênante » dans le contexte de la pandémie, alors que des gens ont perdu leur emploi.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Demers, maire de Laval

Michel Poissant, aussi candidat à la mairie et conseiller de l’opposition, a déploré que ces ajustements aux conditions de travail des membres de la direction aient été présentés dans un « bill omnibus » lors de la dernière séance du conseil municipal, ce qui démontre selon lui une « culture de la cachette » de la part de l’administration du maire Marc Demers.

Le maire a rétorqué que ces bonifications étaient totalement justifiées, puisque les employés de direction font de nombreuses heures supplémentaires qui ne sont pas payées.

« Le citoyen est gagnant au bout de la ligne, parce que si on veut aider les gens dans le cadre de la pandémie, de la crise actuelle, nous devons avoir des employés disponibles, et non des employés qui vont nous lâcher », a affirmé M. Demers.