Urgences-santé a reçu cinq fois plus d’appels concernant des noyades mortelles ou non mortelles en juin 2021 qu’elle ne l’avait fait au cours du même mois l’an dernier.

Vingt appels au 9-1-1 pour des noyades ont été enregistrés en juin, contre quatre l’an dernier pour les régions desservies par Urgences-santé, soit Montréal et Laval, selon un bilan dévoilé lundi.

« Certains de ces appels ont pu mener à des décès, mais les décès ne sont pas survenus en notre présence, note Benoit Garneau, porte-parole pour Urgences-santé. Pour nous, la hausse des appels est inquiétante. »

Selon la Société de sauvetage, 31 personnes ont perdu la vie par noyade au Québec depuis le début de l’année, contre 38 à pareille date l’an dernier.

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage, note que les cinq touristes français et leur guide morts tragiquement dans un accident de motoneige au Lac-Saint-Jean au début de 2020 sont comptabilisés dans ces données sur les noyades.

En excluant cette tragédie, on se retrouve avec 32 noyades l’an dernier à pareille date, et 31 cette année. Ce sont des chiffres qui sont en forte augmentation : l’an dernier, on a déploré 95 noyades au Québec, soit 36 noyades de plus qu’en 2019.

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage

Une des noyades cette année est survenue le 17 juin, quand un élève de 10 ans dont la famille est originaire de Côte d’Ivoire et installée au Québec depuis 2019 est mort durant une sortie scolaire à la base de plein air de Sainte-Foy, près de Québec. Un coroner s’était rendu sur place et mène actuellement une enquête. Une campagne de collecte de fonds avait permis de récolter près de 20 000 $ pour permettre aux parents de prendre une pause du travail après la mort de leur fils.

La hausse des noyades observée en 2020 est attribuable à plusieurs facteurs, dit M. Hawkins. « Tout le monde est resté au Québec pour ses vacances, il a fait très beau, il y a eu plus d’achats de piscines résidentielles, de motomarines, d’embarcations motorisées… Les gens voulaient se rafraîchir. »

Autant de facteurs qui sont présents à nouveau cet été, note-t-il. « C’est mathématique. Plus il y a de gens près de l’eau, sur l’eau et dans l’eau, plus on augmente les risques. »

Semaine nationale de prévention de la noyade

Du 18 au 24 juillet se déroulera la Semaine nationale de prévention de la noyade (SNPN), soit la période de l’année où les noyades sont généralement les plus nombreuses.

Comme outil de prévention, la Corporation d’Urgences-santé suggère de prendre exemple sur la coutume populaire d’avoir un conducteur désigné lors d’une soirée, et de nommer un surveillant désigné lors des baignades, notamment des baignades d’enfants.

Raynald Hawkins abonde dans le même sens. « Quand on est le surveillant, on ne fait pas de jardinage, on ne fait pas de lecture, on ne fait pas de télétravail. La noyade, c’est de 15 à 20 secondes. »

La question du port de la veste de flottaison lorsqu’on pratique un sport nautique est aussi primordiale, dit-il.

Sur les 31 décès reliés à des sports nautiques en 2020, quatre personnes portaient une veste de flottaison. « Les 27 autres, s’ils avaient eu une veste, ils seraient peut-être encore en vie aujourd’hui, dit M. Hawkins. Je le dis avec beaucoup de tristesse. »

On pense souvent que les gens ne portent pas de veste de flottaison parce qu’ils trouvent cela inconfortable, qu’ils la trouvent encombrante, ou qu’ils n’aiment pas sa couleur. M. Hawkins note que ce n’est pas le cas.

« Dans une vaste consultation, nous avons trouvé que la principale raison mentionnée par les gens pour ne pas porter la veste, c’est qu’ils n’avaient pas l’intention de se retrouver par-dessus bord. »

C’est un peu comme omettre de porter sa ceinture de sécurité en voiture parce qu’on n’a pas l’intention de se retrouver dans une collision, note-t-il.

« On souhaite aux gens de ne pas se retrouver par-dessus bord, mais quand ça survient, c’est de façon involontaire. Une fois dans l’eau, les gens peuvent vivre un choc qui mène à une hyperventilation non contrôlée. Lorsque ça arrive, on devient inconscient en une minute. Sans veste de flottaison, c’est la noyade. »

Des citoyens présents sur les lieux d’une noyade peuvent aussi agir comme premiers intervenants en commençant les manœuvres de réanimation avant l’arrivée des paramédics ou des premiers répondants, signale Urgences-santé.

« Dans les cas où les techniques de réanimation ne sont pas maîtrisées, les répartiteurs médicaux d’urgence de la Corporation peuvent guider les appelants pour faire un massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours. »

80

C’est le nombre de décès par noyade qui ont eu lieu en eau libre (lac, rivière, fleuve Saint-Laurent) en 2020, sur un total de 95 décès par noyade.