(Montréal) Alors que des dizaines de milliers de Québécois changent de logis ces jours-ci, une nouvelle étude prévient que les locataires sont plus susceptibles de mal dormir que les propriétaires.

Leur sommeil plus court ou de moins bonne qualité ne serait toutefois pas directement attribuable au fait qu’ils louent leur logement, mais davantage aux conditions dans lesquelles ils passent la nuit.

C’est notamment ce qui découle de l’étude pancanadienne COHÉSION, qui a été mise sur pied pour examiner l’impact de la pandémie de COVID-19 sur certains déterminants sociaux et environnementaux de la santé, comme le logement, et leurs conséquences sur la santé mentale et le bien-être.

« Les locataires étaient plus susceptibles que les propriétaires d’être de courts dormeurs, a dit le docteur Guido Simonelli, qui est chercheur au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal et assistant-professeur au département de médecine de l’Université de Montréal. Quand je parle de courts dormeurs, je veux dire qu’ils n’obtenaient pas les sept heures de sommeil recommandées en moyenne par nuit. »

Le risque de court sommeil était 2,1 fois plus élevé chez les locataires que chez les propriétaires, démontre l’analyse réalisée par COHÉSION des heures de sommeil rapportées en juillet 2020 par 339 adultes canadiens.

Les chercheurs ont notamment examiné des facteurs comme l’âge du participant, ses revenus, et sa satisfaction envers l’espace disponible, le nombre de chambres disponibles et les conditions du logement.

Ultimement, seule une insatisfaction envers les conditions de logement était associée à un risque plus élevé de manque de sommeil chez les locataires.

Ce n’est donc pas le fait d’être locataire qui semble nuire à la qualité du sommeil, mais plutôt l’insatisfaction envers les conditions de logement.

« On peut par exemple penser à l’isolation thermique de mon logement, est-ce que j’ai un climatiseur, la qualité des fenêtres, a dit le docteur Simonelli. On peut penser à la lumière, à la température, au bruit, à la qualité de l’air… Ça montre que notre environnement physique peut avoir un impact sur notre sommeil. »

Ces facteurs pourront aussi être interreliés, a-t-il ajouté. Ainsi, un locataire dont le logement n’est pas climatisé pourra n’avoir d’autre choix que d’ouvrir une fenêtre pour ne pas suffoquer — laissant du coup entrer du bruit et de la pollution qui viendront interférer avec son sommeil, mais dont il serait protégé si la fenêtre était fermée.

Le locataire qui décide de remédier à la situation en installant un climatiseur, ou une source de chaleur, pourra créer un nouveau problème en essayant d’en régler un autre.

« Devoir payer pour le chauffage ou la climatisation dans un endroit qui n’est pas très efficace pourra engendrer des coûts, et on sait que le stress financier est associé à un sommeil de mauvaise qualité ou de plus courte durée », a expliqué le docteur Simonelli, qui est également chercheur au Centre d’études en médecine avancée du sommeil.

On imagine aussi facilement l’impact qu’aura sur le sommeil le fait de vivre dans un logement insalubre, infesté de vermine ou de moisissures ; mal insonorisé, qui permet d’entendre les voisins ; ou encore situé dans un quartier mal desservi, où il est par exemple difficile d’avoir accès à une alimentation de qualité.

L’impact sur la santé physique, psychologique et émotionnelle d’un sommeil insuffisant ou de mauvaise qualité ne doit pas être pris à la légère. Des études y ont ainsi associé au fil des ans un risque accru de maladies cardiovasculaires, de troubles métaboliques comme le diabète et même de démence.

Cela aurait aussi un impact sur nos processus cognitifs et sur notre capacité à réguler nos émotions.

« C’est tangible pour bien des gens, a dit le docteur Simonelli. Les problèmes que nous avons nous paraissent beaucoup plus insurmontables le soir que le matin suivant. »

Deux millions de ménages canadiens vivraient dans des logements inadéquats.

Sur internet : https://dormezladessuscanada.ca/