Les boîtes en carton s’empilent dans les maisons des Québécois, au même rythme qu’augmente la charge de travail des déménageurs. Les horaires des entreprises de déménagement sont remplis, et la fatigue des travailleurs, elle, se fait sentir.

À quelques jours du 1er juillet, le copropriétaire de l’entreprise de déménagement Le Clan Panneton, Pierre-Olivier Cyr, est débordé.

« C’est même pire que ce que l’on pensait », affirme-t-il d’emblée. L’entreprise reçoit toujours de 30 à 40 appels quotidiens de personnes qui souhaitent solliciter ses services pour déménager leurs biens.

En plus de la charge de travail représentée par les déménagements, Le Clan Panneton compose avec une forte demande pour l’entreposage de meubles.

« J’ai été exceptionnellement obligé de vider mon sous-sol […] pour faire de l’entreposage temporaire, pour essayer d’aider les gens », a révélé M. Cyr. Il précise que plusieurs personnes n’ont pas été en mesure de trouver un endroit où se reloger.

Les entrepôts de l’entreprise sont remplis entre 100 et 115 % de leur capacité, a-t-il évoqué. Aux personnes qui n’ont pas trouvé un nouveau logis s’ajoutent celles qui avaient une grande maison et qui déménagent dans plus petit. Elles souhaitent entreposer leurs meubles, dans l’espoir de se reloger dans un endroit plus spacieux.

Pas de répit

Dans ce contexte, la fatigue des déménageurs est palpable. « L’épuisement est là. D’habitude, à partir du 3 juillet, on peut commencer à respirer […]. En ce moment, je ne peux pas [donner des pauses à mes employés] avant le 15 juillet minimum », a déploré M. Cyr.

Toutes les autres entreprises de déménagement jointes par La Presse affichent complet. Chez Déménagement Métropole, impossible d’avoir accès à une plage horaire d’ici au 1er juillet.

« Par rapport à l’année passée, il y a un peu moins [de déménagements] », nuance cependant Rémi Lesage, associé de l’entreprise. Il qualifie malgré tout la saison des déménagements actuelle de « succès ».

Même scénario chez Déménagement Cargo Transport, dont l’agenda est complet. Vendredi dernier, l’entreprise Déménagement Transat avait toutefois encore des plages horaires disponibles, sauf le 30 juin et le 1er juillet.

Tous les jours, il y a des clients qui nous appellent en détresse parce que leur déménageur ne s’est pas présenté. Nous, on en fait entre un et quatre déménagements [de façon impromptue] par jour, pour dépanner.

Sébastien Côté, propriétaire de Déménagement Transat

Déménager en zone verte

Pour Myriam Daigneault et Maxime Blais, deux futures colocs dans la vingtaine, le fait de déménager au moment de la pandémie ne les inquiète pas outre mesure. La zone verte peinte sur le Québec en ce lundi 28 juin est salvatrice.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Maxime Blais et Myriam Daigneault en pleine préparation en vue de leur déménagement

« Je ne dis pas si on avait déménagé l’année dernière, où c’était encore super incertain. Je trouve que dans le contexte de vaccination, et où l’on est rendu dans la pandémie, ça ne me fait pas particulièrement peur », affirme Maxime. Ce ne sont que quelques proches qui viendront aider le duo à déplacer ses biens.

En zone verte, un maximum de 10 personnes (ou les occupants de trois maisons différentes) sont admis à l’intérieur des résidences privées. Dès ce lundi, ce sont 20 personnes qui pourront se réunir à l’extérieur, sur un terrain privé.

La Société d’habitation du Québec (SHQ) recommande toutefois le port du couvre-visage lorsqu’une distance de deux mètres ne peut être respectée entre les personnes. Le lavage des mains fréquent est indiqué. Une fois qu’on a emménagé dans une nouvelle demeure, la SHQ recommande la désinfection de toutes les pièces à l’aide d’une solution hydroalcoolique, en portant une attention particulière au nettoyage des salles de bains.

Une série de mesures sanitaires s’applique également aux déménageurs. Ces indications sont valables « dans les milieux de travail, malgré les annonces gouvernementales sur le déconfinement », peut-on lire dans le plus récent rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Ainsi, le port du masque en tout temps est recommandé, tout comme le lavage des mains fréquent. Le nettoyage des camions de déménagement est aussi souhaité « minimalement à chaque quart de travail et lors d’un changement de chauffeur ou de passager », évoque l’INSPQ.

Recherche ardue

En entrevue avec La Presse par vidéoconférence, Maxime et Myriam se mettent à rire lorsqu’on les questionne sur leur recherche de logement. « Ça a quand même été ardu », résume Myriam.

« C’est comme si on était trop pauvres pour un logement qui avait du bon sens, puis on avait un budget de 1200 $. […] On est deux étudiantes, on ne pouvait pas se permettre plus que ça », affirme pour sa part Maxime. Elle considérait parfois « frustrant » le prix auquel étaient affichés les appartements de quatre pièces et demie.

Finalement, c’est le contact d’une amie de Myriam qui leur a permis de trouver un logement convenable, au prix désiré.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Terry Ngala a déménagé vendredi dernier.

La situation est toutefois tout autre pour Terry Ngala, qui a réussi à dénicher un appartement dans le secteur de Rosemont en quelques semaines. « Je me considère assez chanceux de ne pas avoir attendu trop longtemps avant de trouver un logement qui m’a plu », dit-il.

Terry n’est pas inquiet de déménager au milieu des consignes sanitaires toujours en vigueur. « C’est moins stressant que je pensais », affirme-t-il. « Il y a encore cet aspect d’incertitude jusqu’à un certain point, mais j’essaie de garder un [équilibre] avec ça pour ne pas trop rester figé », précise le jeune homme.