Des centaines de tombes anonymes ont été découvertes mercredi près de l’ancien pensionnat autochtone Marieval, sur les terres de la Première Nation de Cowessess, en Saskatchewan. Il s’agirait de la « plus importante » découverte de ce genre à ce jour au Canada.

C’est la Fédération des nations autochtones souveraines de la Saskatchewan (FSIN), un organisme soutenant les communautés qui effectuent des fouilles dans la province, qui a révélé ces résultats dans un communiqué diffusé mercredi en fin de journée, en parlant d’une « découverte horrible et choquante de centaines de tombes anonymes » sur le site de l’ancien pensionnat.

« Le nombre de tombes anonymes sera le plus important à ce jour au Canada », a par ailleurs indiqué la Première Nation de Cowessess dans une déclaration.

Au total, plus de 300 tombes auraient été découvertes, selon ce qu’a affirmé le chef de la Première Nation de Cowessess, Cadmus Delorme, en entrevue avec le quotidien local Regina Leader-Post mercredi.

Une conférence de presse est prévue ce jeudi en début de matinée, afin de fournir plus de détails sur la nature des fouilles. En plus de Cadmus Delorme, le chef de la FSIN, Bobby Cameron, sera présent.

Dans un bref communiqué diffusé mercredi soir, la Fédération a par ailleurs demandé aux médias et à la population « de respecter les survivants, les descendants et les communautés touchées par cette découverte et de respecter la vie privée [des personnes concernées] ».

La communauté et le site du pensionnat sont actuellement fermés au public « en raison des mesures de sécurité liées à la pandémie de COVID-19 », a-t-on précisé. L’école en question est située à environ 160 kilomètres à l’est de Regina, et à 24 kilomètres au nord de la petite municipalité de Broadview.

« Pas surprenant »

Sur Twitter, le chef de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Perry Bellegarde, n’a pas mâché ses mots en réagissant à la nouvelle, affirmant que la découverte de ces centaines de tombes est « absolument tragique, mais pas surprenante » pour autant.

« J’exhorte tous les Canadiens à soutenir les Premières Nations en cette période extrêmement difficile et émouvante », a-t-il imploré au passage.

De son côté, la Première Nation de Cowessess a indiqué sur les réseaux sociaux que du soutien émotionnel est offert au besoin à toute personne en lien avec « des évènements traumatisants à la suite d’expériences avec les pensionnats ». À ce sujet, la ligne d’écoute téléphonique et de soutien pour les survivants des pensionnats et leurs familles peut notamment être jointe au 1 866 925-4419.

PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DE SAINT-BONIFACE

D’après le site du Centre national pour la vérité et la réconciliation, l’école Cowessess a été construite en 1899 par des missionnaires catholiques romains.

D’après le site du Centre national pour la vérité et la réconciliation, l’école Cowessess a été construite en 1899 par des missionnaires catholiques romains. Le gouvernement fédéral a commencé à financer l’école en 1901 et a pris en charge son administration en 1969. L’école a ensuite été cédée à la Première Nation de Cowessess en 1987. Elle a finalement été fermée 10 ans plus tard.

La découverte de ces tombes anonymes en Saskatchewan survient quelques semaines après la découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, en mai. La nouvelle avait eu l’effet d’une onde de choc partout au pays, mais avait surtout remué de très mauvais souvenirs dans plusieurs communautés autochtones.

Depuis, le gouvernement fédéral a entre autres débloqué 27 millions d’une enveloppe budgétaire déjà annoncée afin de financer de nouvelles recherches sur d’autres sites d’anciens pensionnats. Le premier ministre Justin Trudeau a lui-même reconnu la « faute du Canada » et promis de ne pas « fermer les yeux ».

Mi-juin, le gouvernement Legault a de son côté désigné l’ancien chef de police de Kativik, Michel Martin, comme agent de liaison et « facilitateur » auprès des communautés autochtones voulant pratiquer des fouilles sur les sites d’anciens pensionnats. Un cercle de concertation sera aussi mis sur pied, avec des représentants des Premières Nations.

Quelque 150 000 enfants autochtones ont été placés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture. En 2015, une commission nationale d’enquête a qualifié ce système de « génocide culturel ».

Avec La Presse Canadienne