(Ottawa) Les conservateurs proposent que les bureaux de l’Agence de la santé publique du Canada soient perquisitionnés, puisque le président de l’agence a refusé encore une fois de déposer des documents non caviardés liés au congédiement de deux scientifiques d’un laboratoire de haute sécurité nationale.

Le président de l’Agence, Iain Stewart, a comparu lundi à « la barre » de la Chambre des communes, où il a été « admonesté » par le président, Anthony Rota, pour avoir refusé d’obéir à un ordre de la Chambre, qui l’enjoignait à produire ces documents.

M. Stewart n’avait toujours pas fourni les documents lundi, malgré l’admonestation publique – une procédure qui n’avait pas été utilisée contre un citoyen depuis plus d’un siècle aux Communes.

M. Rota a informé M. Stewart que la Chambre des communes possède des pouvoirs constitutionnels lui permettant d’ordonner la production de tout document qu’elle juge approprié. Ces pouvoirs « sont essentiels à l’exercice » des fonctions des députés, a-t-il soutenu.

« En tant que gardienne de ces droits et privilèges, la Chambre a demandé aujourd’hui à son président de vous réprimander, vous et l’Agence de la santé publique du Canada, pour avoir refusé de soumettre les documents demandés. »

Le président de l’Agence de la santé publique a soutenu à plusieurs reprises qu’il ne pouvait pas divulguer les documents, car il avait l’obligation légale, en tant que haut fonctionnaire vétéran, de protéger la sécurité nationale et le droit à la vie privée.

Il n’a pas eu l’occasion de dire quoi que ce soit aux Communes lundi.

M. Stewart, qui cumule 27 années de service, a été forcé de demeurer debout pendant environ 40 minutes à la barre pendant que les députés débattaient des prochaines étapes à prendre.

Le leader conservateur en Chambre, Gérard Deltell, estime qu’il doit y avoir des conséquences pour le mépris flagrant et continu de M. Stewart face à un ordre des Communes.

« Laissez-moi être clair, a affirmé M. Deltell. Cette Chambre a un travail à faire et elle devrait être respectée, surtout par ses propres membres. »

Il propose même que le président de la Chambre ordonne au sergent d’armes des Communes de fouiller les bureaux de l’Agence de la santé publique pour obtenir les fameux documents.

Les libéraux ont démontré leur appui à M. Stewart dans ce dossier. La greffière du Conseil privé et secrétaire du Cabinet par intérim, Janice Charette, a notamment accompagné le président de l’Agence jusqu’aux Communes.

« Cela a été difficile pour plusieurs d’entre nous de voir M. Stewart à la barre », a mentionné plus tard aux Communes le député libéral Kevin Lamoureux, se demandant pourquoi un « si bon représentant de la fonction publique » qui a fait un « si bon travail durant la pandémie » et été aussi mal traité.

« Le temps qui a dû passer à la barre a été profondément offensant pour plusieurs députés. »

Les néo-démocrates ont signalé leur appui à la proposition des conservateurs ; le Bloc québécois n’a pas encore annoncé sa décision.

Les partis d’opposition ont uni leurs efforts pour demander à ce que des documents soient rendus publics dans l’espoir de comprendre pourquoi les scientifiques Xiangguo Qiu et son mari, Keding Cheng, ont été mis à pied du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg en juillet 2019, avant d’être renvoyés en janvier.

Ils tentent également d’obtenir des documents liés au transfert, supervisé par Mme Qiu, des virus mortels Ebola et Henipah à l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine, en mars 2019.

M. Stewart a soutenu que le transfert des virus n’avait rien à voir avec les congédiements qui ont suivi. Il a également déclaré qu’il n’y avait aucun lien avec la COVID-19, un coronavirus apparu pour la première fois dans la province chinoise de Wuhan, et dont certains croient qu’il aurait pu être libéré accidentellement par l’Institut de virologie.