(Montréal) Selon Vélo Québec, 4,5 millions de Québécois se sont adonnés au vélo en 2020, un chiffre en augmentation constante depuis 1995.

Le principal organisme qui fait la promotion de ce moyen de transport dans la province a fait paraître ce mardi L’état du vélo au Québec en 2020. Selon ce rapport, pas moins de 2,1 millions de Québécois utilisent le vélo pour aller au travail, à l’épicerie ou à l’école. Chez les adultes, 47 % des cyclistes affirment utiliser la bicyclette comme moyen de transport, alors qu’ils n’étaient que 21 % en 1995.

En 25 ans, la taille du réseau cyclable a augmenté de 360 %, pour s’établir aujourd’hui à 10 600 kilomètres. Sept Québécois sur dix estiment tout de même que le réseau cyclable de leur municipalité gagnerait à être amélioré.

Un cercle vertueux

Nicolas Saulnier, un professeur de génie civil qui mène des recherches sur le transport urbain à Polytechnique, parle d’un « cercle vertueux » pour augmenter le nombre de cyclistes dans une ville. « Plus il y a de cyclistes sur la route, moins les automobiles roulent vite et plus ça incite les gens à prendre le vélo. » La présence de personnes âgées ou d’enfants sur les pistes cyclables aiderait également, selon lui, les gens à se sentir en sécurité.

Au Québec, pas moins de 87 % des 6 à 17 ans ont enfourché une bicyclette au cours de l’année 2020. En moyenne, chaque jeune consacre 3,3 heures au vélo, un apport important à leur activité physique selon Vélo Québec. Pour les plus vieux, les chiffres sont aussi encourageants : la part des 65 à 74 ans qui pratiquent ce sport est passée de 12 % en 1995 à 34 % en 2020.

Le professeur Saulnier parle de « deux fronts » à aborder pour augmenter le nombre de cyclistes dans une ville. D’abord, « apaiser la circulation » en réduisant la vitesse et la prise de risque des automobilistes, par exemple en installant des dos-d’âne dans les rues empruntées par des cyclistes. Il faut de plus aménager des pistes cyclables qui sont et qui paraissent sécuritaires. « Mettre des lignes sur le sol, dit-il, ça n’est pas suffisant. » Il cite le Réseau Express Vélo (REV) qui a été inauguré cet automne sur la rue Saint-Denis comme exemple à suivre pour Montréal.

Le professeur Saulnier croit que le cycle vertueux « est enclenché » à Montréal, même s’il y a encore du travail à faire par rapport aux villes européennes. Selon une étude réalisée en 2018, 48 % des déplacements effectués à Copenhague se font à vélo. Cette statistique éclipse complètement Montréal, où seulement 3,3 % des déplacements ont été faits en 2018 par des cyclistes, d’après une étude de Polytechnique. Même dans le Plateau Mont-Royal, champion en la matière au Québec, on parle seulement de 13,1 % de déplacements à vélo.

« C’est peu, mais c’est une augmentation qui est assez régulière depuis quelques années », souligne le professeur Saulnier. De toute façon, dans les années 1970, illustre-t-il, Copenhague c’était comme Montréal : le changement est possible si on y met les moyens. »

Pédaler en sécurité

L’organisme a salué les progrès réalisés dans la province en matière de sécurité. Les blessés lors de collisions à vélo sont 34 % moins nombreux comparativement à 2015. « Les chiffres de 2020 sont bien sûr à prendre avec un grain de sel, mais ils correspondent à la tendance observée dans les dernières années », indique Jean-François Rheault, le directeur de Vélo Québec.

« Pour augmenter l’affluence, tout est une question de perception », affirme Nicolas Saulnier. « Même si le cyclisme n’est pas si dangereux que ça, les études montrent que les gens ont besoin de se sentir très en sécurité pour commencer à se déplacer à vélo régulièrement. »

Si Vélo Québec reconnaît les risques associés à la pratique de ce sport, l’organisme souligne tout de même que sa dangerosité est moindre que celle d’autres activités populaires. Par an, 23 cyclistes sur 1000 par année ont une blessure assez grave pour se retrouver à l’hôpital. En comparaison, ce chiffre est de 20 sur 1000 pour les randonneurs, de 51 sur 1000 pour les skieurs et de 101 sur 1000 pour les hockeyeurs.

La pratique du vélo ne reste toutefois pas sans risque, comme l’a rappelé l’incident survenu ce lundi au centre-ville. À l’angle des rues Berri et Ontario, un cycliste de 26 ans a heurté de plein fouet un cycliste de 62 ans qui n’avait pas respecté la signalisation : ce dernier se trouve encore à l’hôpital, dont on ne sait pas encore s’il sortira vivant. Depuis 2011, le SPVM recense 33 collisions entre des cyclistes pour ce seul coin de rue, qui se démarque par sa pente très raide.