(Fredericton) Les Services des poursuites publiques au Nouveau-Brunswick ont annoncé lundi qu’aucune accusation criminelle ne sera déposée contre le policier qui avait abattu Chantel Moore, il y a un an.

Mme Moore, une Autochtone de 26 ans, avait été tuée par balle par un membre de la Police d’Edmundston lors d’un « contrôle de bien-être », le 4 juin 2020. Les enquêteurs avaient déclaré à l’époque que la jeune femme s’était approchée du policier un couteau à la main.

L’enquête avait ensuite été confiée au Bureau des enquêtes indépendantes du Québec, parce que le Nouveau-Brunswick ne dispose pas de son propre organisme de surveillance policière.

Dans un communiqué publié lundi, le bureau des Services des poursuites publiques explique que le policier, ce jour-là, « avait des motifs raisonnables de croire que la force ou une menace de force était utilisée contre lui par Mme Moore, qu’il a tiré sur elle dans le but de se défendre ou de se protéger, et que ses actions étaient raisonnables dans les circonstances ».

Les procureurs ont donc conclu qu’il n’y avait aucune « perspective raisonnable » de condamnation.

Selon le directeur régional des Services de poursuites pénales Patrick Wilbur, un ex-copain de Mme Moore avait appelé la police à 2 h 06 pour lui demander de vérifier son état. Il avait reçu plusieurs messages dans une période de quelques heures.

La police est arrivée à l’appartement de Mme Moore sur la rue Hill, dans le centre-ville d’Edmundston, à 2 h 32. Lorsque questionné, l’officier, dont l’identité reste secrète, a affirmé avoir cogné sur la fenêtre et s’être éclairé par sa propre lampe de poche pour montrer qu’il était un agent en uniforme.

« Alors qu’il s’est déplacé vers la porte d’entrée, il a été surpris de voir que Mme Moore avait ouvert son tiroir de cuisine pour en retirer un objet, décrit M. Wilbur dans un rapport. Il a remarqué à ce moment que l’objet était métallique et que Mme Moore s’avançait vers la porte avec agressivité. »

Le policier aurait ensuite reculé et dégainé son arme à feu. Selon lui, Mme Moore a ouvert la porte et s’est approchée de lui avec un couteau dans la main gauche sans s’arrêter, même s’il pointait son fusil vers elle et lui demandait de laisser tomber son couteau.

Étant acculé en raison de la configuration du balcon de l’appartement, l’officier « a utilisé son arme jusqu’à ce que la menace soit inexistante », selon le rapport. Quatre coups de feu auraient retenti et des ambulanciers ont été appelés sur les lieux. Ils n’ont pas été en mesure d’arrêter l’hémorragie.

« La mort de Chantel Moore, très regrettable, est attribuable à son comportement en état d’ébriété et à ses actions, surtout lorsqu’elle a quitté son appartement en brandissant un couteau », lit-on dans le rapport.

Le conseil tribal de Nuu-chah-nulth, qui représente entre autres la Première Nation de Mme Moore, a émis un communiqué, lundi, pour exprimer son désaccord envers la décision.

« Nous demandons que le Canada en fasse plus pour mettre fin à la violence envers notre peuple, particulièrement les femmes et les filles, qui sont surreprésentées comme victimes de violence », réclame le conseil.

Par ailleurs, le coroner en chef du Nouveau-Brunswick, Jérôme Ouellette, a annoncé lundi que l’enquête de son bureau sur le décès de Mme Moore devrait débuter le 6 décembre, « dans la région d’Edmundston ». L’endroit exact ainsi que le nom du coroner qui présidera l’enquête seront annoncés à une date ultérieure, indique-t-on.

Le rôle du coroner n’est pas de trouver des responsables, mais le jury peut formuler des recommandations visant à prévenir d’autres décès dans des circonstances semblables.