Le premier Autochtone à diriger l’Association du Barreau canadien (ABC) exhorte les cabinets juridiques à examiner les préjugés inhérents pour améliorer les pratiques d’embauche et mieux représenter la population canadienne.

Brad Regehr dit que l’ABC lancera le 21 juin, à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, une « trousse à outils » de ressources pour aider les cabinets à recruter davantage d’avocats, d’étudiants en droit et de personnel administratif autochtones.

Cette « trousse » comprendra des modèles pour les cabinets afin de les guider vers des pratiques d’embauche susceptibles d’attirer et de retenir des avocats, des stagiaires et du personnel administratif autochtones.

« C’est pour aider les entreprises à se demander comment résoudre ce problème. Quels types de questions doivent-elles se poser sur leurs pratiques d’embauche ? souligne Me Regehr. Il y a une demande pour ce type de ressources. »

Cette initiative a été prise à la suite du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada.

L’avocat de Winnipeg qui a été adopté par une famille non autochtone dans le cadre de la rafle des années 1960 affirme que les Autochtones sont surreprésentés dans le système carcéral en raison d’un traumatisme générationnel et qu’ils sont confrontés à la discrimination.

Selon lui, le racisme systémique contre les peuples autochtones s’étend à la profession juridique. Des juges, des avocats et des stagiaires autochtones lui ont dit qu’on les avait pris pour des accusés.

« Si quelqu’un pense qu’il n’y a pas de discrimination systémique au sein de cette profession, alors il s’aveugle volontairement », avance Me Regehr. Il ajoute que le changement doit commencer par les cabinets qui doivent examiner leurs préjugés inhérents, ce qui pourrait leur permettre de recruter plus de personnel autochtone.

Il a également demandé au gouvernement fédéral de s’assurer qu’il y ait plus de diversité parmi les juges.

Des expériences difficiles

Me Regehr a rencontré son grand-père biologique alors qu’il était âgé de la mi-vingtaine à la faculté de droit. Il avait alors appris que Jean-Marie Bear avait été forcé de fréquenter un pensionnat en Saskatchewan à l’âge de cinq ans et y avait subi de mauvais traitements.

« Ma mère m’a raconté certaines choses en me prévenant que lui-même n’en parlerait pas », dit-il.

Une grande partie de ce que M. Bear a enduré demeure un mystère, mais Me Regehr sait que son grand-père n’a pas été autorisé à s’enrôler dans l’armée pendant la Première Guerre mondiale parce qu’il avait contracté la tuberculose au pensionnat.

Il a déclaré que son grand-père n’avait pas été autorisé à s’enrôler pendant la Seconde Guerre mondiale parce qu’il avait contracté la tuberculose au pensionnat.

Brad Regehr, un Nehiyaw de la nation crie Peter Ballantyne, en Saskatchewan parlait auparavant de ce qu’il savait sur son grand-père dans ses présentations, mais il devenait si ému qu’il a cessé de le faire.

« Je pouvais à peine finir ce que je disais », mentionne-t-il.

Il relate que l’expérience de son grand-père l’a convaincu à attirer l’attention sur le racisme envers les peuples autochtones. Cette passion s’est renforcée depuis la découverte de ce que l’on pense être les restes de 215 enfants sur le terrain d’un ancien pensionnat à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Me Regehr exhorte tous les Canadiens à en apprendre davantage sur la dure réalité des pensionnats financés par le gouvernement fédéral, qui étaient administrés principalement par l’Église catholique romaine à partir des années 1870 jusqu’à la fermeture du dernier au milieu des années 1990, afin de comprendre l’impact générationnel sur les Autochtones.

Le mandat d’un an de Me Regehr à la tête de l’ABC prendra fin en septembre.

Il dit son objectif était de maintenir l’engagement de l’organisation envers les efforts de réconciliation dans le cadre du long processus à venir pour identifier les sépultures anonymes d’enfants des pensionnats autochtones dans l’ensemble du pays. Cela inclut la nécessité pour l’Église catholique et le gouvernement fédéral de fournir des documents qui pourraient aider à identifier où les restes d’enfants ont été enterrés dans des tombes anonymes.

« Les gens veulent que l’on ramène les enfants’à la maison ». Cela doit être fait. On doit avoir des ressources. Nous devons aller au fond des choses, soutient Me Regehr ».