La police de Montréal intensifie cette semaine ses efforts pour « sensibiliser la population » à l’importance de respecter les espaces de stationnement réservés aux personnes à mobilité réduite, partout sur l’île. Une surveillance « accrue » sera effectuée aux abords des commerces, et des constats de 315 $ seront remis en cas d’infraction.

« Une grande clientèle qui utilise tous ces espaces de stationnement, ce sont des jeunes conducteurs pour des petites courses. L’excuse qu’on nous donne fréquemment, c’est que c’est juste pour trois ou cinq minutes, pour une course rapide. Mais on ne peut pas tolérer ça », martèle le commandant Steve Girard, responsable de cette opération, en entrevue avec La Presse.

Près de 500 stationnements répandus sur l’île seront visés, dans le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, qui se tient du 1er au 7 juin. L’an dernier, pandémie et fermeture des commerces oblige, l’activité avait été annulée, mais en 2021, le tout est organisé de concert avec la Fondation Moelle épinière et Motricité Québec. Plusieurs agents de stationnement de la Ville seront aussi mis à contribution dans ce blitz de surveillance et de vérification.

Pour le commandant Girard, tout est dans la façon d’intervenir. « Souvent, les gens qui en reçoivent souvent un constat sont gênés, mais on en discute avec eux. On fait passer le message. Et on est contents de voir que ça a un impact. Si on recule il y a quelques années, la disponibilité des espaces pour ces gens-là était moins grande. Ça démontre que notre travail fait du chemin dans la communauté », croit le policier.

Ça arrive fréquemment que des usagers à mobilité réduite doivent se stationner dans des espaces réguliers. Comme ils ont un porte-à-faux qui descend de leur véhicule, ils ne peuvent pas y avoir accès quand ils reviennent de leur course, vu que l’espace n’est pas assez large. L’impact est donc majeur pour eux.

Steve Girard, commandant au SPVM

Bon an mal an, plus de 2000 constats d’infraction sont remis par le corps policier pour l’utilisation d’espaces réservées aux personnes handicapées. Les montants imposés, aujourd’hui de 315 $, ont bondi dans les dernières années. « Beaucoup de gens ne prennent pas encore ça au sérieux, donc il faut agir. Il n’y a pas de tolérance pour les excuses du style : j’étais pressé, ou il n’y a pas de place », insiste M. Girard.

« On a réellement de la misère »

Le résidant du quartier Tétreaultvillle dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Denis Morency, subit quotidiennement le manque de places de stationnement pour les conducteurs à mobilité réduite. « J’ai 75 ans, j’ai beaucoup de mal avec mes chevilles et mes genoux. Ce n’est pas pour rien qu’il y a des places pour nous. On a réellement de la misère à avoir des accès », explique l’homme, devant la Place Versailles.

« Je trouve ça vraiment bien que les policiers fassent plus de surveillance », poursuit M. Morency, alors que des policiers vérifient sa licence qui l’autorise à se stationner dans des espaces dédiés. « Ça arrive très souvent qu’on n’ait pas de place. Certains qui nous disent qu’ils attendent leur femme, qu’ils ne sont pas là pour longtemps », témoigne-t-il.

De façon régulière, le Montréalais dit avoir accès difficilement à des commerces sur l’île. « Le mieux pour moi, c’est toujours d’être le plus près possible. Comme les espaces sont plus larges, c’est aussi plus facile, je peux ouvrir plus, prendre mon temps. C’est vraiment important, c’est une question de respect de l’autre », conclut Denis Morency.

Plus au sud, au centre-ville, l’enjeu des débarcadères d’autobus pour personnes handicapées est aussi une « problématique » constante, soutient le commandant Girard. « On demande à nos policiers d’intervenir aussi dans ces situations-là pour faire une différence. S’ils n’ont pas accès aux montées, ces gens-là n’ont simplement pas d’accès aux commerces », conclut ce dernier.

Un bilan de l’opération devrait être diffusé prochainement, ajoute le commandant, afin d’établir clairement le nombre de constats qui ont été remis, mais aussi les principaux constats tirés par le Service de police sur le terrain.