Le Conseil de presse a rendu mardi cinq décisions concernant La Presse, rejetant trois plaintes et en retenant deux, dans la foulée de la publication de huit verdicts en lien avec des plaintes soumises au cours des derniers mois.

D’emblée, l’organisme rejette la plainte de l’alpiniste Monique Richard visant l’article « Le mont Logan en solo, c’est fini », de Marie Tison, publié au début de janvier 2020. Dans cette affaire, Mme Richard jugeait le choix de source de la journaliste « questionnable », soit celui du premier Canadien ayant atteint le pôle Sud à ski et en solitaire, Sébastien Lapierre.

Le Conseil, lui, juge que la journaliste « n’a commis aucune faute », en écartant les griefs d’informations inexactes ou incomplètes, voire de « manque d’équilibre » qui avaient été mis en cause.

Une deuxième plainte, de Yassine Alaoui contre la journaliste Audrey Ruel-Manseau, a été rejetée pour l’article « Coronavirus : une blague tourne au vinaigre pour un restaurateur », publié en mars 2020. Le Conseil juge que « le fait de rapporter les propos d’une personne ne témoigne pas d’un parti pris » en sa faveur. Les griefs de manque d’équilibre, d’informations incomplètes et d’absence de correction sont rejetés.

La plainte de Michael Peters concernant la chronique « Les assureurs coupent les ailes aux snowbirds », aussi publiée en mars 2020, est rejetée. Appelé à juger du contenu du titre en particulier, le Conseil juge que ce dernier « ne déforme pas la réalité, puisqu’il reflète les faits rapportés dans l’article ».

Plaintes retenues

Deux plaintes ont toutefois été retenues contre des textes publiés dans La Presse au cours des derniers mois. La première, celle de Patrick Lajeunesse, visait une dépêche de l’Agence France-Presse intitulée « Entre 4 et 5 millions d’étrangers illégaux en Europe », publiée sur le web au cours du mois de novembre 2019. Or, selon l’organisme, l’usage des termes « étrangers illégaux » est inexact et discriminatoire, « puisqu’il n’est pas illégal de franchir une frontière pour demander l’asile ».

« La Presse reconnaît que la plainte est bien fondée ». De son côté, l’AFP indique qu’elle évitera l’utilisation du terme « illégaux » pour qualifier ces personnes. Le Conseil, qui a déjà rendu plusieurs décisions sur l’utilisation de cette expression, rappelle que « les personnes qui franchissent la frontière de façon irrégulière pour demander l’asile ne sont pas dans l’illégalité », lit-on dans la décision.

Le Conseil précise qu’une personne « ne peut pas être illégale ». « L’expression étrangers illégaux, en plus d’être inexacte, risque de nourrir l’incompréhension de l’étranger et de cultiver une image négative de ceux qui se retrouvent en situation irrégulière », indique-t-il à ce sujet.

Enfin, la plainte de Luc Poirier contre le journaliste Éric-Pierre Champagne est retenue, dans la foulée de plusieurs articles publiés à l’automne 2019 traitant de travaux de remblai dans une ex-briqueterie de La Prairie. Le Conseil tranche que les trois premiers articles « portent atteinte à la présomption d’innocence puisqu’ils qualifiaient les travaux d’illégaux, alors qu’aucune cour n’avait encore déclaré si les travaux étaient ou non illégaux ». « Le fait d’avoir reçu un constat d’infraction ne signifiait pas nécessairement que le promoteur était coupable d’avoir réalisé des travaux illégaux », insiste l’organisme.

Ce dernier retient aussi les griefs de manque d’équilibre et de fiabilité des informations transmises par les sources quant à l’article « Remblayage d’une ancienne carrière : des ‟omissions” importantes dans le rapport fourni par le promoteur », publié en décembre 2019.

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