(Ottawa) Une motion qui demande au ministre fédéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté d’attribuer la citoyenneté à Raïf Badawi a été adoptée par le Sénat jeudi soir.

La motion 80, déposé par la sénatrice indépendante Julie Miville-Dechêne demande au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté d’attribuer la citoyenneté à Raïf Badawi, « selon le pouvoir discrétionnaire que lui confère la Loi sur la citoyenneté, à l’article 5, qui lui permet d’attribuer la citoyenneté à toute personne afin de remédier à une situation particulière et inhabituelle de détresse ».

Accorder la citoyenneté à Raïf Badawi pourrait permettre à Ottawa de lui offrir des services consulaires et d’exiger sa libération. Mais cette motion ne force la main du ministre de l’Immigration que moralement.

« Il est clair pour moi qu’il s’agit en effet d’une situation particulière de détresse et de persécution, mais c’est aussi une cause qui a des liens indéniables avec le Canada, et en particulier le Québec » avait indiqué la sénatrice Julie Miville-Dechêne dans une allocution le 17 mars dernier, ajoutant que « Raif Badawi est détenu depuis 9 ans en Arabie saoudite pour insulte envers l’Islam, alors que sa courageuse épouse Ensaf Haidar et leurs 3 enfants ont obtenu l’asile chez nous et se sont installés à Sherbrooke ».

La sénatrice indépendante a fait valoir que même si l’Arabie saoudite ne reconnaît pas la double citoyenneté, « en vertu du droit international, il n’est pas interdit pour un pays d’exercer sa protection diplomatique en faveur d’un ressortissant ayant la double nationalité. »

Selon Julie Miville-Dechêne, « Raïf Badawi pourrait aussi tenter de renoncer à sa citoyenneté saoudienne » et « si le prisonnier obtient sa citoyenneté canadienne, cela donne un argument de poids à ses défenseurs pour qu’il bénéficie de services consulaires canadiens ».

Lorsque la sénatrice avait déposé un avis de motion au mois de mars, le bureau du ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino, avait fait parvenir une déclaration dans laquelle il était écrit que « les récentes motions de la Chambre des communes et du Sénat démontrent l’inquiétude du Parlement concernant la détention injuste de M. Badawi ».

On pouvait également y lire que le gouvernement continuait à « travailler avec tous les parlementaires » pour maintenir ses « efforts sans relâche pour réunir M. Badawi avec sa famille ».

Le 27 janvier dernier, une motion semblable du Bloc québécois aux Communes avait également été adoptée à l’unanimité.

À l’époque, le ministre Mendicino lui avait offert un accueil plutôt tiède. Et des sources gouvernementales avaient tenu à souligner que la motion n’a pas force de loi.

Raïf Badawi a été condamné à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet pour avoir créé un forum en ligne afin de discuter de questions sociales en Arabie saoudite. Les autorités saoudiennes lui ont reproché d’insulter l’islam. Il est emprisonné depuis juin 2012. Sa conjointe et ses trois enfants sont installés au Québec.