La « réflexion » que le leader antimasque Mario Roy dit avoir entamée depuis qu’il est incarcéré à l’Établissement de détention de Montréal (Bordeaux) est trop « fragile et embryonnaire » pour que la justice puisse croire en ses promesses de garder la paix et le laisse vivre sur un verger jusqu’à la fin de son procès pour harcèlement criminel.

Le leader du mouvement antimasque, incarcéré depuis deux mois en attente d’un procès devant jury pour des chefs de harcèlement visant une avocate du Barreau, restera donc en prison jusqu’à la fin des procédures judiciaires, a tranché mercredi la juge Johanne St-Gelais.

M. Roy demandait une révision d’une ordonnance du juge Denis Lavergne, qui avait refusé de le libérer sous caution, en mars, après son arrestation pour des menaces apparemment proférées à l’égard de l’avocate Éliane Hogue, responsable des enquêtes sur la pratique illégale du droit au Barreau du Québec.

Au centre d’une longue et laborieuse saga judiciaire l’opposant au Barreau pour avoir fait à maintes reprises des gestes réservés aux avocats, M. Roy a été arrêté après avoir publié sur Facebook des vidéos dans lesquelles il s’en prenait ouvertement à MHogue et à un autre avocat de l’ordre professionnel, MClaude G. Leduc. Son geste violait des conditions de remise en liberté qu’il a lui-même signées lorsqu’il a rencontré les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) une première fois en décembre 2020, conditions qui lui interdisaient spécifiquement de communiquer avec ces deux avocats ou même de mentionner leurs noms dans les réseaux sociaux.

M. Roy, « sans aucune retenue, et sans relâche, utilise un langage vulgaire, disgracieux et irrespectueux à l’égard de MHogue et MClaude Leduc », a conclu la juge St-Gelais. « La répétition des messages dans les réseaux sociaux, la nature et la portée des propos témoignent notamment d’un mépris pour le système de justice et pour ceux qui sont liés à l’administration de la justice. »

« [M. Roy] renseigne ses supporters sur la jurisprudence qu’il a lui-même créée, qui permet l’arrestation d’avocats et de juges par une personne civile. Devant une telle ténacité, le tribunal n’est pas rassuré [qu’il] pourra retenir ses ardeurs », a ajouté la magistrate, jugeant « insuffisantes » les garanties offertes par M. Roy et ses proches pour permettre sa libération.

Procès pour harcèlement et non-respect de conditions

Théoriquement, son procès pour harcèlement et non-respect de conditions doit commencer le 2 juin. En cas de déclaration de culpabilité, la Couronne demandera une « peine plancher » d’au moins 18 mois d’incarcération, a souligné la juge St-Gelais.

L’avocat de M. Roy, MClément Monterosso, croit cependant qu’un procès devant jury ne sera pas nécessaire, puisque son client a la « ferme intention » de régler tous ses dossiers actifs devant la cour mercredi prochain, lorsque le juge André Vincent prononcera une sanction pour trois outrages au tribunal dont M. Roy a été reconnu coupable en mars dernier.

En mars, la Couronne avait dit exiger qu’au minimum, Mario Roy reconnaisse sa culpabilité à tous les chefs d’accusation de harcèlement qui pèsent contre lui, subisse un examen psychiatrique et qu’un rapport présentenciel soit produit par la justice pour qu’une telle entente à l’amiable survienne.