En appelant à tourner le dos aux énergies fossiles, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) signe l’arrêt de mort du projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Énergie Saguenay, affirme le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault.

Afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, aucun nouveau projet d’exploitation de charbon, de pétrole et même de gaz ne doit être lancé dans le monde, affirmait dans un rapport publié la semaine dernière l’organisation, marquant ainsi un changement de cap majeur de sa position sur le sujet.

« Ça vient démontrer hors de tout doute qu’il n’y a pas d’avenir pour le gaz naturel liquéfié », a déclaré dans un entretien avec La Presse Sylvain Gaudreault, porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie, d’environnement et de lutte contre les changements climatiques.

La production de gaz naturel liquéfié (GNL) excédera la demande au plus tard en 2040, d’après le rapport, qui confirme ainsi ce que disait celui du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), en mars dernier, souligne-t-il.

Ce n’est plus rentable, ce n’est pas justifié de construire une usine de GNL qui sera déjà obsolète dès qu’elle entrera en fonction.

Sylvain Gaudreault, député péquiste de Jonquière

Opposant de la première heure au projet Énergie Saguenay, Sylvain Gaudreault estime que le rapport de l’AIE devrait convaincre le premier ministre de le rejeter.

« Monsieur Legault aime bien se dire pragmatique, homme d’affaires, dit-il. Là, comme homme d’affaires, il devrait comprendre que ça ne vaut pas le coût d’investir dans le gaz naturel liquéfié. »

Emplois « verts »

À ceux qui voient toujours dans GNL Québec un projet permettant d’assurer de bons emplois au Saguenay, Sylvain Gaudreault répond que le rapport de l’AIE démontre que la transition vers des énergies vertes en créera encore plus et stimulera la croissance économique mondiale.

De la production d’hydrogène à la captation de dioxyde de carbone (CO₂) dans l’air, l’atteinte des cibles de l’Accord de Paris offre « plus de perspectives d’emplois », dit-il.

Et le fait que cette affirmation vienne d’une organisation réputée pour sa proximité avec les secteurs des énergies fossiles démontre que ce rapport marque un « point tournant » dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Maintenant, parler d’environnement, parler de climat, c’est parler business. C’est carrément ça.

Sylvain Gaudreault, député péquiste de Jonquière

Le rapport de l’AIE s’inscrit dans un nouvel élan de la lutte contre les changements climatiques, entre le Sommet des dirigeants sur le climat organisé par le président étatsunien Joe Biden, en avril, et la 26e Conférence des Nations unies sur le climat (COP26), qui doit se tenir en novembre, croit Sylvain Gaudreault.

« Ça vient très clairement colorer les débats à venir à la COP26 », croit-il.

GNL Québec a réagi en indiquant que l’AIE a aussi élaboré un scénario « dans lequel le gaz naturel est beaucoup plus résilient et se maintient pratiquement au même niveau en 2040 qu'en 2020 », a indiqué dans un courriel un porte-parole de l’entreprise, Louis-Martin Leclerc.

Non aussi à Goldboro LNG

Le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel Goldboro LNG, en Nouvelle-Écosse, doit lui aussi être rejeté à la lumière du rapport de l’AIE, croit Sylvain Gaudreault, qui s’inquiète de voir le Québec traversé par un nouveau gazoduc pour y acheminer le gaz fossile de l’Ouest canadien. « Le Québec ne peut pas être qu’un territoire de transit d’énergie sale », dit-il, dressant une comparaison avec le projet abandonné d’oléoduc Énergie Est. « Si la population s’est soulevée contre Énergie Est, il faut que ce soit la même logique qui prévale pour le tuyau de Goldboro », lance le député.