(Ottawa) Un officier de l’armée canadienne qui aurait encouragé d’autres militaires à ne pas participer à la distribution des vaccins contre la COVID-19 au pays fait maintenant face à des accusations.

Le ministère de la Défense nationale a indiqué mardi que l’élève officier Ladislas Kenderesi avait été accusé d’avoir « persuadé une autre personne de prendre part à une mutinerie » et de s’être conduit « d’une manière scandaleuse et indigne d’un officier ».

Les deux accusations font suite à un discours prononcé lors d’une manifestation anti-confinement à Toronto, en décembre dernier. Un homme en uniforme militaire complet avait notamment dénoncé ce qu’il appelait les vaccins « tueurs ». Dans une vidéo de son discours publiée sur YouTube, l’homme, qui est présenté comme « Kenderesi » et porte une plaquette sur l’uniforme avec ce nom de famille, appelle les autres militaires à désobéir aux ordres et à ne pas distribuer les vaccins.

« Je demande aux militaires – les chauffeurs de camion, les médecins, les ingénieurs, peu importe – de ne pas accepter cet ordre illégal de distribution de vaccins », lance l’homme, sous les applaudissements de la foule. Il affirme également que même si ses commentaires pourraient lui attirer des ennuis, « ça ne (le) dérange plus ».

Le ministère de la Défense nationale affirme que M. Kenderesi a été relevé de ses fonctions d’instructeur de cadets de réserve à Borden, en Ontario, en décembre dernier, puis formellement accusé par la police militaire le 12 mai. Les responsables de la défense affirment que Kenderesi, qui s’est fait retirer son uniforme militaire en décembre, est le premier militaire canadien depuis au moins 20 ans à être accusé d’un délit lié à la mutinerie.

Dans la Loi sur la défense nationale, la mutinerie est définie comme une « insubordination collective ou coalition d’au moins deux individus se livrant à un acte de résistance, avec ou sans violence, à une autorité légitime ». Une infraction connexe est commise pour quiconque « s’efforce de persuader une personne de prendre part à une mutinerie ».

Les demandes d’entrevues envoyées à l’adresse courriel militaire de M. Kenderesi sont demeurées infructueuses mardi. L’organisateur d’une page de sociofinancement créée pour soutenir sa défense juridique a indiqué mardi que l’avocat de l’élève officier lui avait conseillé de ne pas commenter l’affaire.

L’armée canadienne joue un rôle majeur dans la vaste campagne fédérale de distribution des vaccins aux provinces : les militaires participent dès le départ à l’expédition des vaccins à partir de l’étranger puis à leur distribution dans tout le pays. Les provinces sont ensuite responsables de l’administration des vaccins.

Le ministère de la Défense a déclaré la semaine dernière que plus de 85 % des militaires canadiens avaient reçu au moins une première dose de vaccin. Ce taux élevé de vaccination contraste avec les préoccupations concernant l’« hésitation vaccinale » au sein de l’armée américaine.