(Ottawa) Le major-général Dany Fortin, chef d’orchestre de l’opération nationale de vaccination dont le départ surprise a été annoncé vendredi soir, nie vigoureusement une « allégation » dont il fait l’objet, et il a été pris de court en apprenant qu’il faisait l’objet d’une enquête militaire, affirme son avocat.

« Cela l’a pris complètement par surprise. Il dément vigoureusement et catégoriquement cette allégation », a écrit son avocat, Mark Létourneau, lundi, faisant référence à une allégation diffusée sur CTV au courant de la fin de semaine.

Le réseau anglophone a fait état dimanche soir d’une allégation remontant à 1989. L’élève-officier Fortin se serait « exhibé » devant une femme au Collège royal militaire de Saint-Jean. On y ajoute que l’allégation aurait été formulée il y a deux mois.

« Il m’a dit que c’était impossible. Impossible », a relaté Me Létourneau en entrevue, lundi soir. Le major-général Fortin était au courant depuis « un petit bout » qu’il faisait l’objet d’une enquête militaire, mais il en ignorait la nature, a-t-il indiqué.

« C’est sûr qu’il était quand même anxieux ; il ne savait pas trop ce qui se passait », a dit son avocat.

Les libéraux avares de détails

Le gouvernement libéral a confié en novembre dernier les rênes de la distribution nationale des vaccins au major-général Fortin.

Son départ précipité demeure enveloppé de mystère. Les libéraux ont été avares de détails, lundi. Le premier ministre Justin Trudeau n’était pas disponible pour répondre aux questions des journalistes à l’issue d’une annonce virtuelle — un « conflit d’horaire », a-t-on plaidé.

« Comme il s’agit d’une enquête en cours, nous ne pouvons pas faire d’autres commentaires », a indiqué son bureau. « Ces questions [d’inconduite] sont traitées par les autorités et par les représentants [de l’armée]. » Au besoin, le cabinet du premier ministre obtient ensuite « des mises à jour ».

L’opposition inquiète

L’opposition à Ottawa s’inquiète des répercussions que pourrait avoir ce changement à la tête de la mission.

D’autant plus que l’on reçoit au pays cette semaine un nombre record de 4,5 millions de doses de Pfizer-BioNTech et de Moderna – et qu’on n’a pas encore réparti entre les provinces et les territoires les 655 000 doses d’AstraZeneca livrées la semaine dernière.

Mais surtout, au Parti conservateur, on en profite pour reprocher à nouveau aux libéraux une incurie face à la gestion des dossiers d’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes, laquelle « affecte le déploiement des vaccins au Canada », a reproché le chef Erin O’Toole.

Une successeure nommée

L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) n’a pas tardé à nommer une nouvelle personne pour mener cette tâche stratégique. C’est la brigadière-générale Krista Brodie qui assumera dès maintenant la fonction de vice-présidente de la logistique et des opérations relatives aux vaccins.

Celle-ci « a joué un rôle central dans le déploiement des vaccins dans le cadre de son affectation à l’Agence au mois de novembre », et sa désignation « permet une transition fluide tandis qu’elle reprend son rôle de chef pour l’ASPC », a déclaré par communiqué son président, Iain Stewart.