(Québec) La crise du logement n’épargne pas les victimes de violence conjugale, souvent incapables de trouver un toit rapidement et à coût raisonnable pour assurer leur sécurité hors du foyer.

Le gouvernement va tenter de répondre à ce besoin en construisant 236 nouvelles unités d’hébergement de seconde étape pour femmes victimes de violence, et ainsi resserrer le filet de sécurité autour d’elles.

Les unités situées dans des maisons d’hébergement de seconde étape offrent à ces femmes des séjours plus longs, souvent de plusieurs mois, contrairement aux maisons d’hébergement pour femmes destinées à offrir un secours d’urgence pour une plus brève période.

Une cinquantaine de ces unités de seconde étape devraient être construites d’ici un an et les autres d’ici trois ans.

De plus, ces femmes violentées auront désormais accès au programme de supplément au loyer, facilitant d’autant l’accès au logement, en principe.

De plus, Québec injecte 9,1 millions en vue d’élargir à tout le territoire, et en priorité à Montréal où elles sont inexistantes, le réseau des cellules d’intervention rapide auprès des femmes violentées. De telles cellules existent actuellement dans sept régions et regroupent divers intervenants prêts à agir rapidement en situation de crise conjugale.

Ces annonces, qui ont reçu aussitôt un bon accueil du milieu des maisons d’hébergement, ont été faites vendredi, en conférence de presse à Québec, par la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, la vice-première ministre, Geneviève Guilbault, et la ministre de la Condition féminine, Isabelle Charest.

Elles font partie du plan global d’action de 222 millions sur cinq ans rendu public en avril et visant à lutter contre la violence faite aux femmes et freiner la hausse récente de féminicides. Les annonces précédentes ont porté sur le rehaussement du financement des maisons d’hébergement, le soutien aux organismes venant en aide aux hommes violents et un meilleur encadrement des services policiers et judiciaires offerts aux victimes de violence conjugale en cour. Le prochain volet portera sur les femmes autochtones.

Le Québec a déploré 10 féminicides depuis le début de l’année.

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a salué les annonces. « Ces nouvelles mesures auront un impact direct sur le filet de sécurité autour des victimes de violence conjugale, mais aussi sur leur reprise de pouvoir », a estimé la présidente, Chantal Arseneault.

Même son de cloche du côté de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, qui insiste sur l’importance d’appuyer la création de cellules d’intervention d’urgence partout au Québec. « Il s’agit d’un outil concret de concertation qui a démontré son efficacité au cours des années. On voit que cela porte ses fruits dans les régions où les cellules sont présentes. Elles permettent de renforcer le filet de sécurité pour les femmes et leurs enfants », a indiqué dans un communiqué, la porte-parole de la fédération, Manon Monastesse, ajoutant que l’intervention « en silos » ne pouvait plus durer en ce domaine.

L’ajout de maisons de deuxième étape constitue « une action cruciale pour la prévention des féminicides », a commenté la porte-parole de l’Alliance des maisons d’hébergement de deuxième étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, Gaëlle Fedida.