(Québec) Il a été emprisonné près de trois ans au Moyen-Orient. Il clamait son innocence, mais son dossier s’éternisait en avocasseries. À un moment, André Gauthier a même pensé qu’il allait finir ses jours aux Émirats arabes unis.

Mais le cauchemar est enfin fini pour ce géologue québécois plongé au cœur d’un scandale minier à Dubaï. L’homme de 67 ans est rentré discrètement au pays mercredi dernier, et a pu rejoindre son domicile de Québec dans les derniers jours.

« Comment ça va, vous me demandez ? Imaginez ! Ça va très bien », lance M. Gauthier au bout du fil. « J’ai été condamné à presque 45 ans de prison pour quelque chose que je n’avais jamais fait. »

L’expert en exploration minière s’était rendu à Dubaï pour travailler auprès d’une société. Mais, selon lui, lorsqu’il a signalé une fraude de 30 millions de dollars chez l’entreprise Gold AE, en 2015, la justice du pays s’est retournée contre lui.

« Les gens qui ont fraudé ont senti la soupe chaude, ils ont quitté le pays. On m’a fait porter le chapeau », résume-t-il.

Le long calvaire qui a suivi est digne d’un film. Il a tout d’abord été emprisonné pendant 19 mois dans une station de police de Dubaï. Puis, en avril 2018, il a été déclaré coupable et condamné à près de 45 ans de prison.

Libéré en attente de son appel, il a tenté de quitter le pays, tout comme son coaccusé. Ce dernier, Iranien et Britannique, a réussi à gagner l’Iran. Lui a tenté de partir par Oman, mais a été intercepté par les autorités locales. Il a été incarcéré 68 jours dans une prison migratoire. Extradé à Dubaï, il a dû poireauter 13 autres mois à la prison centrale en attente de l’appel.

« Je me disais : “Oubliez-moi” »

À un certain moment, alors que les frais d’avocat se multipliaient et certain que les dés étaient pipés, André Gauthier a pensé qu’il finirait sa vie là-bas.

« Moi, j’étais prêt à rester là. Je me disais : “Oubliez-moi.” Finalement, avec toutes les irrégularités qu’il y avait eu, je ne voyais pas une bonne volonté de régler mon cas. »

Il a finalement été déclaré non coupable en appel le 24 décembre 2019. Mais pour un point de droit, il a dû attendre un pardon des autorités, explique-t-il. Des efforts diplomatiques canadiens ont fini par permettre son retour au pays.

« On a travaillé fort. À un moment, j’avais peur pour sa vie. Là, j’ai de la misère à croire qu’il est revenu », a dit son fils, Alexis Gauthier.

L’avocate Radha Stirling, établie à Londres et fondatrice de Detained in Dubai, a souligné dans un communiqué le rôle essentiel de la diplomatie canadienne dans ce dossier. « Sans le soutien diplomatique, André serait probablement mort en prison », écrit-elle.

Le député conservateur de Chicoutimi–Le Fjord, Richard Martel, s’est aussi réjoui du retour au pays de M. Gauthier. Il avait aussi accompagné l’homme dans les dernières années.

Maintenant, le géologue entend « retomber sur [ses] pattes ». « J’ai perdu mon père et mon beau-père pendant cette période-là. Je veux aller me recueillir au cimetière. Je veux aussi voir mes petits-enfants. »