(Ottawa) Le Canada et d’autres pays du G7 dénoncent ce qu’ils décrivent comme des violations des droits de la personne et demandent un accès immédiat pour les groupes d’aide humanitaire dans la région du Tigré en Éthiopie, ravagée par un conflit.

Le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, et ses homologues de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis ont affirmé dans une déclaration commune qu’ils étaient extrêmement préoccupés par la faim alors que les conditions dans la région la plus septentrionale de l’Éthiopie s’aggravent.

Ils dénoncent les informations faisant état de massacres de civils, de violence sexuelle et fondée sur le genre et de déplacement forcé de milliers de résidents et de réfugiés érythréens qui y vivent.

Ils écrivent qu’il est « essentiel qu’une enquête indépendante, transparente et impartiale soit menée sur les crimes signalés », y compris que les responsables de ces violations des droits de la personne rendent compte de leurs actes

L’Éthiopie a déclaré la guerre à la région en novembre lors d’une bataille entre le parti au pouvoir national du premier ministre Ahmed Abiy et le Front de libération du peuple du Tigré, qui avait dirigé la région semi-autonome.

Le conflit s’est rapidement intensifié avec des accusations de crimes de guerre, de massacres et de viols, dont beaucoup ont été difficiles à confirmer en raison de l’accès limité à la région aux travailleurs humanitaires et aux journalistes.

« Nous condamnons le meurtre de civils, la violence sexuelle et fondée sur le genre, les bombardements aveugles et le déplacement forcé des habitants du Tigré et des réfugiés érythréens », ont déclaré les ministres des Affaires étrangères du G7 dans un communiqué conjoint.

« Toutes les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue, garantir la protection des civils et respecter les droits de la personne et le droit international. »

Les Éthiopiens du Canada ont manifesté récemment à l’extérieur de la Colline du Parlement, exigeant que le monde prête attention à la situation et appelant le Canada à agir.

Le premier ministre Justin Trudeau, qui s’est rendu en Éthiopie il y a un an, s’est entretenu avec Ahmed Abiy par téléphone à la fin du mois de février et a évoqué la guerre en cours au Tigré. Un résumé de leur conversation indique que M. Trudeau avait soulevé l’importance de l’accès et de l’aide humanitaire, ainsi que la nécessité de rétablir l’accès pour les journalistes.

Le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) avait été l’un des partis dominants dans le précurseur du parti de la prospérité de la coalition de Ahmed Abiy. Mais le FLPT a refusé de rejoindre le nouveau parti de Ahmed Abiy.

À l’automne, le FLPT a procédé à des élections régionales, après qu’Ahmed Abiy ait reporté les votes nationaux en raison de la COVID-19.

Le groupe a ensuite attaqué une base militaire fédérale au début de novembre. Cette attaque a incité Ahmed Abiy à déclarer la guerre à la région.

On estime jusqu’à un million le nombre de personnes qui ont été déplacées en raison du conflit, et les groupes d’aide locaux affirment que les gens meurent de faim, n’ont pas accès à l’eau potable et aux soins médicaux de base.

La région souffrait déjà des effets de la pandémie de COVID-19 et d’une infestation de criquets qui nuisent aux cultures.

Les Nations Unies ont appelé à plusieurs reprises les dirigeants à améliorer l’accès des groupes d’aide, affirmant que des millions de personnes sont en danger.

Les ministres du G7 ont déclaré avoir pris note des engagements pris par le gouvernement d’Ahmed Abiy pour lutter contre les violations des droits humains et demander des comptes aux responsables et « nous attendons avec intérêt la mise en œuvre de ces engagements ».

« Nous appelons à la fin de la violence et à la mise en œuvre d’un processus politique inclusif, clair et acceptable pour tous les Éthiopiens, y compris les citoyens du Tigré. En outre, ce processus doit mener à la tenue d’élections crédibles et à la mise en place d’un processus de réconciliation nationale plus large », lit-on dans le communiqué.

« Nous, membres du G7, sommes prêts à soutenir les efforts humanitaires et les enquêtes sur les abus des droits de la personne », conclut le message.