(Ottawa) Le Canada maintient encore une autre année sa participation dans la lutte contre Daech au Moyen-Orient.

Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, a annoncé mardi que le Canada maintiendra jusqu’à 850 militaires en Irak et dans la région jusqu’en mars 2022, dans la cadre de son « opération IMPACT ».

Cette mission, qui a commencé en octobre 2014, devait prendre fin mercredi. L’annonce de cette prolongation d’un an coïncide également avec les inquiétudes croissantes concernant l’influence de l’Iran en Irak.

Téhéran soutient de nombreux groupes de milices chiites dans le pays voisin. Ces groupes, qui ont largement détrôné Daech en tant que principale menace en Irak, ont intensifié leurs attaques contre les forces occidentales ces derniers mois.

Le gouvernement de Justin Trudeau avait auparavant fixé un plafond de 850 militaires pour cette mission il y a plusieurs années, mais le Canada avait progressivement retiré ses troupes de la région au cours de la dernière année.

Le ministre Sajjan n’a pas indiqué mardi si ce retrait progressif serait renversé ni fourni d’autres détails sur la composition précise de la mission, qui comprend des membres des forces spéciales et des instructeurs militaires.

La prolongation d’un an de l’opération IMPACT comprend notamment « l’autorisation de déployer jusqu’à 850 membres du personnel des Forces armées canadiennes à l’appui de la coalition mondiale, de la mission de l’OTAN en Irak et des activités de renforcement des capacités des forces armées de la Jordanie et du Liban », indique le communiqué du cabinet du ministre Sajjan.

« En renouvelant l’opération IMPACT, nous renforçons l’appui du Canada à ses alliés de l’OTAN et à ses partenaires de la coalition mondiale, et nous poursuivons le travail important en cours au Moyen-Orient », a indiqué le ministre.

Le ministère de la Défense dit qu’il y a actuellement environ 500 militaires dans la région, mais ne fournira pas plus de détails, citant la sécurité opérationnelle.

« Nous avons la flexibilité pour mettre les ressources nécessaires compte tenu de la situation actuelle », a déclaré M. Sajjan aux journalistes lors d’une conférence de presse virtuelle après l’annonce de l’extension de la mission.

« Au fur et à mesure que la situation évolue, nous sommes en mesure de faire les changements de nombre nécessaires. Nous ne réduisons donc pas. Ce que vous voyez ici est ce qui est réellement nécessaire. Et nous pouvons facilement changer les choses en fonction de la situation sur le terrain. »

La nature de dernière minute de l’extension et le manque de transparence autour de la mission militaire n’ont pas plu mardi à l’opposition.

Le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bezan, a noté que le précédent gouvernement conservateur, qui avait lancé la mission contre Daech, avait organisé des séances d’information techniques avec l’armée pour tenir le public et les parlementaires au courant de l’effort.

« Et depuis ce temps, il n’y a eu presque rien venant du gouvernement sous la forme de mises à jour techniques », a affirmé M. Bezan. « Il y a une ambiguïté permanente sur le but de la mission, la façon dont nos forces se conduisent. »

Thomas Juneau, un expert de l’Université d’Ottawa sur le Moyen-Orient, a déclaré que le Canada avait un piètre bilan de transparence lorsqu’il s’agit de parler d’interventions militaires et d’expliquer les raisons des décisions.

Cependant, a-t-il ajouté, « annoncer cette mission sans aucun détail comme cela a été fait 24 heures avant son expiration est vraiment un grave manque de transparence ».

MM. Bezan et Juneau sont néanmoins d’accord avec la décision du gouvernement de prolonger la mission, notamment en raison de l’importance de veiller à ce que Daech ne se regroupe pas et de la nécessité de protéger l’Irak de l’influence de l’Iran, mais aussi en raison du message que cela envoie aux États-Unis et aux alliés.

« C’est une bonne mission. C’est une bonne mission pour l’Irak et c’est bien pour le Canada de participer à la mission », a affirmé M. Juneau. « Décider maintenant de ne pas reconduire aurait envoyé un signal vraiment négatif à l’administration Biden aux États-Unis. »

M. Sajjan a confirmé mardi que les forces spéciales canadiennes continuaient de fonctionner à partir de la ville nordique d’Irbil, qui a été attaquée à plusieurs reprises au cours de la dernière année par l’Iran et ses mandataires de la milice.