Alors qu’un rapport du BAPE a exprimé mercredi d’importantes réserves sur GNL Québec, la relève libérale, péquiste et solidaire s’accorde : le projet n’a plus sa place et aucune aide — directe ou indirecte — ne doit lui être offerte. L’aile jeunesse des caquistes, elle, reconnaît que le projet « bat de l’aile », mais demeure prudente.

« C’est un projet qui bat de l’aile. […] Et je suis d’accord avec le fait qu’il faut justement investir du point de vue régional », laisse tomber le président de la Commission de la relève de la CAQ (CRCAQ), Keven Brasseur. Il s’est exprimé sur le sujet lors d’un échange avec ses homologues des autres partis organisé pour La Presse, en marge des rencontres Maître chez vous (MCV) de Force Jeunesse, le week-end dernier.

Pour M. Brasseur, le gouvernement a déjà été très clair : aucun « argent public », en matière de subventions ou de financement, ne sera mis dans ce projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel, qui suscite énormément d’opposition. Mais d’autres possibilités existent, laisse-t-il entendre.

« Je me ramène quelques années en arrière avec ce qui s’était passé avec la Cimenterie McInnis. À la CAQ, on parlait souvent de prendre cet argent-là et, plutôt que de l’investir dans une entreprise très polluante, de créer un Fonds Gaspésie pour que différentes personnes qui auraient des projets puissent oser leur plan d’affaires », insiste M. Brasseur, en parlant de « sa vision » du développement régional.

Dans son rapport publié mercredi, le BAPE remet fortement en doute l’affirmation du promoteur du projet voulant que cette usine contribue à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). « Il suffit de faire varier quelques hypothèses utilisées dans [l’analyse] » pour que le bilan soit « au mieux » neutre ou « au pire » une augmentation nette des émissions de GES au niveau planétaire, peut-on lire. Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a soutenu que « la balle est maintenant dans le camp du promoteur ».

Exit les « rabais sur l’hydroélectricité »

Pour la présidente de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec (CJPLQ), Frédérique Lavoie-Gamache, toute forme d’escompte à l’égard de GNL Québec serait inacceptable dans le contexte. « Avoir des rabais sur l’hydroélectricité, ça revient un peu à donner des fonds au projet. On ne veut pas vendre notre énergie au rabais pour des projets auxquels les jeunes ne croient pas, et dont ils ne voient pas la relance économique derrière », a-t-elle soutenu.

La jeune libérale affirme qu’il faudra quand même un projet économique pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Selon elle, plusieurs autres industries peuvent « mousser l’économie de la région » en tout respect de l’environnement. « Le problème, c’est qu’on veut peut-être y aller pour le plus facile parfois. On voit des projets comme GNL qui se développent, et on se dit que ça va rapporter à la région, alors qu’au fond, le Saguenay a une belle industrie forestière où il serait possible de faire une belle relance économique avec davantage de relance verte », insiste-t-elle.

Chez Québec solidaire, le porte-parole dans Brome-Missisquoi, Alexandre Legault, est catégorique. « C’est complètement inacceptable en ce moment de financer indirectement un projet comme ça, qui nous met en retard », fustige-t-il. « Avec les milliards qui vont être investis, on pourrait développer des projets de transports collectifs, des initiatives pour développer la souveraineté alimentaire, pour bâtir notre résilience, comme le développement du réseau de triphasés dans les régions pour alimenter nos serres et nos producteurs », insiste M. Legault.

Au-delà de GNL Québec, le président du Comité national des jeunes du Parti québécois, Alec Ordon, invite le gouvernement à envisager la relance comme une « transition verte ». « On est dans un changement de paradigme. On ne doit pas juste relancer l’économie de demain matin. Il faut faire en sorte que l’avenir des futures générations soit vert, écoresponsable et équitable », dit-il.

« L’implantation de cette transition-là devra aussi se faire de manière juste pour les travailleurs. C’est important que les investissements du gouvernement soient profitables pour les salariés, et non juste les grandes entreprises », insiste M. Ordon.

L’environnement, le grand oublié ?

Chez Force Jeunesse, la vice-présidente exécutive Gabrielle Morneau El-Hajal se dit « fière » de rendre possibles ces débats au sein de la jeunesse. « Les rencontres MCV qu’on a tenues le week-end dernier, ça donne une place aux jeunes pour s’exprimer et se faire entendre auprès des décideurs. C’est essentiel », résume-t-elle.

Pour l’organisme, l’environnement est assurément « le principal sujet oublié pendant la pandémie », d’où l’importance de mettre de l’avant des enjeux d’écofiscalité. « On veut tous et toutes pouvoir parler de comment en faire plus, et arriver avec des manières de changer les comportements des gens. Bref, de trouver des façons concrètes de réduire les GES », dit la vice-présidente.

« On doit faire partie de la solution. On est la génération qui va vivre avec les conséquences économiques et sociales de la pandémie », conclut-elle.