Le conseil des maires de la MRC de Roussillon a adopté mercredi soir un règlement pavant la voie à la création d’une vaste aire protégée dans le Corridor vert de Châteauguay-Léry.

Or, malgré la bonification des protections environnementales à la suite d’une forte mobilisation citoyenne, entre 30 et 45 % des terrains situés dans le Corridor vert de Châteauguay-Léry pourraient être détruits pour éventuellement faire place à du développement résidentiel.

« Ça représente une destruction possible d’une superficie allant de 6 à 9 millions de pieds carrés, dit Guy Turcotte, porte-parole de l’organisation SOS Forêt-Fernand-Seguin. On parle de l’équivalent de 100 à 160 terrains de football américain. »

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Guy Turcotte, porte-parole de l’organisation SOS Forêt-Fernand-Seguin

Anne-Louise Milot, directrice des communications et des relations gouvernementales à la MRC de Roussillon, note que la MRC s’est engagée à utiliser tous les leviers à sa disposition pour protéger les terrains d’une grande valeur écologique.

Le projet de la création d’une aire protégée a récemment reçu l’appui de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), note-t-elle.

En effet, Valérie Plante, mairesse de Montréal et présidente de la CMM, interpellait le gouvernement du Québec la semaine dernière pour accompagner la MRC et la CMM en vue de faire l’acquisition des terrains à une juste valeur marchande à des fins de conservation.

Anne-Louise Milot, directrice des communications et des relations gouvernementales à la MRC de Roussillon

La députée provinciale de Châteauguay, MarieChantal Chassé, a aussi dit mercredi être en faveur de la protection du Corridor vert et a souligné dans un communiqué que le gouvernement du Québec « travaille activement dans ce dossier afin d’accompagner la MRC de Roussillon dans ses démarches de préservation du boisé ».

Le conseil de la MRC demande au ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques de désigner « milieu naturel » le bois et corridor forestier métropolitain de Châteauguay-Léry.

Pour Guy Turcotte, le scénario idéal serait que les ministères de l’Environnement et des Affaires municipales imposent une réserve foncière pour protéger les terrains.

« Ce serait la meilleure avenue. On impose une réserve foncière sur tous les terrains visés par les aires de conservation du Corridor vert Châteauguay-Léry. Après ça, le gouvernement a quatre ans pour négocier de gré à gré avec les propriétaires des terrains, ou faire des acquisitions par expropriations. »

L’ensemble des terrains a une valeur évaluée à 8 millions de dollars, note-t-il. « L’expropriation, c’est maximum deux fois la valeur des terrains. On parle donc de 16 millions. Pour le gouvernement, c’est des peanuts pour créer une aire protégée de cette envergure. Quand vient le temps d’exproprier pour des routes, ou pour le REM, le gouvernement du Québec ne regarde pas à la dépense. »

Des propriétaires des terrains poursuivent depuis plusieurs années la Ville de Léry, la MRC Roussillon et la CMM pour plus de 44 millions de dollars, alléguant que la protection intégrale des terrains constituait une « expropriation déguisée ».

Le Corridor vert Châteauguay-Léry a été convoité à multiples reprises pour y faire du développement ces dernières années, projets que les citoyens ont rejetés les uns après les autres.

La MRC de Roussillon, où résident plus de 170 000 personnes, est l’une des plus déboisées en Montérégie : elle a moins 8 % de couvert forestier, alors que l’objectif de la Communauté métropolitaine de Montréal est d’avoir 17 % de couvert forestier.