(Québec) La Caisse de dépôt et placement a envoyé au gouvernement Legault un « signal positif » en faveur d’un autre prolongement du Réseau express métropolitain (REM), cette fois à Laval et à Longueuil, a appris La Presse.

Alors que le REM est toujours en construction pour une mise en service l’an prochain et qu’une phase 2 dans l’est de Montréal vient à peine d’être annoncée, on se met déjà à parler à Québec d’une phase 3 dans les couronnes nord et sud de la métropole.

Officiellement, la Caisse de dépôt et placement affirme que des « études préliminaires » sont en cours relativement à un prolongement de son réseau de train électrique à Laval et à Longueuil, en vertu de mandats que lui a confiés le gouvernement. Des recommandations seront faites cette année, se contente-t-elle d’ajouter.

Mais en coulisses, elle a donné à Québec un signal « positif », selon une source impliquée dans le dossier qui a requis l’anonymat car elle n’avait pas l’autorisation d’en parler publiquement. Elle a indiqué au gouvernement qu’il y avait tout lieu d’être optimiste.

On ne peut parler à ce stade-ci d’un feu vert officiel, et on n’est pas prêt à une annonce. À Québec, on s’attend à ce que des recommandations formelles soient présentées cet hiver ou au début du printemps.

Pour se rendre à Laval, une nouvelle branche du REM partirait de l’arrondissement de Saint-Laurent (il est déjà prévu que le train de la Caisse y passe en direction de Deux-Montagnes) et s’arrêterait au Carrefour Laval. On utiliserait l’emprise de l’autoroute 15.

Cette option permettrait aux Lavallois de se rendre rapidement au centre-ville sans utiliser le métro et sa ligne orange. L’idée de prolonger cette ligne du métro, de la station Côte-Vertu vers la future station Bois-Franc du REM, fait toujours partie des réflexions au gouvernement.

Boulevard Taschereau

Pour ce qui est d’un prolongement du REM à Longueuil, il est question d’une branche dans l’axe du boulevard Taschereau, passant par la station de métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke et se rendant jusqu’au cégep Édouard-Montpetit. Cette antenne serait connectée à la future station Panama du REM, l’une des trois stations du réseau situées sur la Rive-Sud actuellement en construction et dont la mise en service est prévue en 2022.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Un autobus circulant sur le boulevard Taschereau

Il s’agit en bonne partie du tracé proposé par la mairesse Sylvie Parent avec son projet de tramway électrique appelé LÉEO (pour « lien électrique est-ouest »), dont la présentation a été faite il y a un an. L’ajout d’un autre système de transport comme le tramway n’intéresse pas la Caisse, qui mise sur le développement du REM. Un choix qui n’offusquera pas les élus de Longueuil.

Le développement du REM suscite la convoitise dans la grande région de Montréal. En début d’année, les élus de la couronne nord ont réclamé une branche est-ouest dans l’axe de l’autoroute 640, d’Oka à Terrebonne.

Pour le gouvernement Legault, un appui de la Caisse à un prolongement du REM à Laval et à Longueuil représenterait la réalisation d’une part de son « plan de décongestion » de la région métropolitaine présenté dans le cadre de la campagne électorale.

Mais la Coalition avenir Québec (CAQ) a largement sous-estimé le coût de sa promesse. Le parti de François Legault soutenait en 2018 que les investissements nécessaires à la réalisation de son plan seraient de l’ordre de 10 milliards de dollars d’ici 2030.

Or, à lui seul, le prolongement du REM dans l’est de Montréal coûtera 10 milliards de dollars, selon l’annonce faite en décembre. Des milliards seraient aussi déboursés pour de nouvelles branches du réseau à Laval et à Longueuil. Le plan de décongestion comprenait en plus le prolongement de la ligne bleue du métro, au coût de 4,5 milliards – un projet maintes fois annoncé qui n’est toujours pas en chantier, mais dont la réalisation devrait être accélérée avec l’adoption du projet de loi 66 en décembre.

La CAQ voulait également que le REM soit prolongé sur la Rive-Sud, vers Chambly, mais l’ajout de ce tronçon paraît incertain.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @REM_METRO

Des voitures du REM ont commencé à circuler pour la première fois sur la Rive-Sud de Montréal la semaine dernière, entre la station Brossard et le boulevard Milan, dans l’axe de l’autoroute 10.

Pas à court terme

Annoncé en 2016, le REM est en construction depuis 2018. Il compte 26 stations et s’étend sur 67 km, avec quatre antennes reliées au centre-ville de Montréal. Les premiers départs du train électrique auront lieu l’an prochain sur l’antenne de la Rive-Sud, qui relie Brossard à la gare Centrale. Les coûts totaux de ce projet se chiffrent à près de 7,5 milliards.

Pour la phase 2 vers l’est de Montréal, le début des travaux de construction doit avoir lieu en 2023 et la mise en service, en 2029. Une troisième phase ne devrait donc pas voir le jour à court terme.

Lors d’une conférence de presse sur l’évolution de la pandémie de COVID-19 jeudi dernier, le premier ministre François Legault avait profité de la tribune pour rappeler ses promesses électorales et présenter en quelque sorte les priorités de son gouvernement – une sortie décriée par les partis de l’opposition, car elle n’avait rien à voir avec la pandémie. Rappelant le feu vert donné au « REM de l’Est », M. Legault avait dit du même souffle qu’« il y a des projets à Laval, des projets entre autres sur la Rive-Sud de Montréal ».

Le dossier du prolongement du REM chemine au moment où il y a un blocage concernant un important élément de la première phase du réseau. Ottawa et Québec ne s’entendent toujours pas quant au financement nécessaire à la construction de la station du REM à l’aéroport Montréal-Trudeau.