Des employés de l’Agence du revenu du Canada qui menaient une perquisition chez un entrepreneur en construction de Laval en 2008 ont eu la surprise de découvrir des photos de ce dernier en train de jouer au golf ou de s’amuser sur une plage en compagnie de deux de leurs collègues, a raconté un témoin au procès de Tony Accurso et de ses coaccusés, lundi.

En 2008, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de manœuvres fiscales illégales, l’Agence du revenu du Canada (ARC) a mené une perquisition chez Francesco Bruno, patron de l’entreprise BT Céramique.

Mario Côté, l’un des employés du fisc qui participait à l’opération, a raconté devant la cour lundi qu’il avait découvert dans la maison une photo de deux de ses collègues du bureau de Montréal, Antonio Girardi et Adriano Furgiuele, en compagnie de M. Bruno.

Sur l’une des photos, les trois hommes jouaient au golf. Sur l’autre, M. Furgiuele était à la plage avec l’entrepreneur.

« On ne s’attend pas nécessairement à voir des photos de collègues avec un contribuable qui fait l’objet d’une perquisition », a-t-il déclaré.

M. Côté dit avoir interrogé M. Bruno sur les photos pendant la perquisition. L’entrepreneur aurait expliqué être cousin avec M. Furgiuele.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Antonio Girardi, ancien employé de l’Agence du revenu du Canada coaccusé avec Tony Accurso

Francesco Bruno, Adriano Furgiuele et Antonio Girardi sont tous trois coaccusés avec Tony Accurso dans la foulée du projet Coche, une enquête de la Gendarmerie royale du Canada sur la corruption à l’ARC. Un comptable, Francesco Fiorino, est aussi accusé dans cette affaire. Les chefs d’accusation incluent fraude, complot, faux et abus de confiance.

La thèse de la poursuite est que M. Accurso aurait versé des sommes importantes aux deux fonctionnaires et à M. Bruno en échange d’un traitement de faveur pour ses entreprises face à l’impôt.

Lundi, plusieurs témoins sont venus détailler le matériel qu’ils ont saisi lors de perquisitions en 2008 et en 2009. Certains sont retraités depuis, et plusieurs ont eu un peu de mal à se souvenir des détails du déroulement de la journée, 11 ou 12 ans après les faits.

Le procès pourrait se poursuivre jusqu’en juin devant la juge de la Cour du Québec Mélanie Hébert.