(Calgary) La demande en animaux de compagnie est si grande que de nombreux vétérinaires refusent maintenant de prendre de nouveaux patients.

Pour la Dre Liz Ruelle, qui exploite un cabinet à Calgary, la décision a été difficile à prendre après avoir été submergée par l’arrivée de nouveaux clients. Tout prenait de deux à trois fois plus de temps en raison des protocoles contre la COVID-19 à respecter. Il peut être difficile de fournir des soins médicaux en temps opportun aux animaux.

La vétérinaire accuse un retard de six mois sur les examens de routine. Elle a décidé en octobre de diriger de nouveaux patients à poil vers des cliniques d’urgence.

« J’ai du mal à dire non aux gens. C’est déchirant pour nous. Quand nous disons non, c’est parce que nous ne pouvons plus physiquement maintenir le rythme », dit-elle.

Selon la Fédération des sociétés canadiennes d’assistance aux animaux (FSCAA), on recensait 78 000 chats et 28 000 chiens dans des refuges en 2019. Pas moins de 65 % des félins et 73 % des chiens ont été adoptés ou récupérés par leurs propriétaires.

Les données de l’année dernière ne sont pas encore disponibles, mais de nombreux refuges signalent une demande, bien que le nombre de chats et de chiens disponibles ait diminué.

« Nos adoptions sont heureusement restées stables tout au long de la pandémie et n’ont pas vu une augmentation marquée de retours d’animaux, dit Jessica Bohrson de la Calgary Humane Society. Tous ceux qui travaillent maintenant à domicile ont pu accorder beaucoup d’attention à leurs nouveaux animaux de compagnie. »

Un manque

Il y a trop peu de vétérinaires pour le nombre d’animaux de compagnie, soutient la présidente de l’Association canadienne des médecins vétérinaires, la Dre Enid Stiles.

Il y a environ 10 000 vétérinaires au Canada.

Le manque est criant en Colombie-Britannique, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador.

« On doit choisir ce qui est le plus important. Ces nouveaux animaux de compagne ont mis des bâtons dans les roues du système, car nous souffrons déjà d’un très grand manque de vétérinaires au Canada », dit la Dre Stiles.

Elle a dû, elle aussi, fermer son cabinet de Beaconsfield, sur l’île de Montréal, à de nouveaux patients en décembre.

« Nous avions toujours dit que nous ne le ferions jamais, mais nous avons dû nous y résoudre parce que nous nous épuisions. Nous avons dû donner un coup de frein, mais c’est difficile. Où iront ces animaux ? »

Selon la Dre Stiles, les maîtres d’animaux de compagnie pourraient se tourner vers des vétérinaires vivant à la campagne. « Ils ont encore une certaine capacité à recevoir ces patients. Les maîtres doivent parcourir de grandes distances juste pour obtenir des soins vétérinaires, malgré la pandémie. »

De plus en plus de vétérinaires subissent aussi la colère des propriétaires d’animaux, déplore-t-elle.

« Les gens sont frustrés et très émotifs lorsqu’ils traitent avec des animaux de compagnie. Nous comprenons, c’est encore plus difficile en temps de pandémie. La mèche est très courte chez certaines personnes. »

Adoptions virtuelles

La Toronto Humane Society est passée aux adoptions virtuelles au printemps dernier. L’organisation a moins d’animaux disponibles que d’habitude, car elle n’est pas autorisée à en ramener des États-Unis.

Hannah Sotropa dit que l’organisme a reçu plus de 11 000 demandes d’adoption depuis le début de la pandémie.

« L’intérêt a certainement augmenté. Nous ne voyons pas une augmentation des adoptions en soi en raison du fait que nous avons eu moins d’animaux », explique-t-elle.

La Toronto Humane Society possède sa propre clinique vétérinaire publique où on peut faire vacciner, stériliser ou castrer des animaux de compagnie. Elle dispose également d’un cabinet dentaire.

« Il va y avoir des retards, mais l’important est de trouver des moyens de rendre les soins vétérinaires plus accessibles, afin de pouvoir empêcher les animaux de se retrouver dans nos abris simplement à cause de leur prix abordable ou du manque de disponibilité des soins vétérinaires de base », dit Mme Sotropa.

« Il est important que les gens sachent qu’ils peuvent toujours obtenir l’aide dont ils ont besoin après avoir adopté un animal de compagnie », ajoute-t-elle.