(Ottawa) Les autorités fédérales collectent des informations sur le groupe d’extrême droite, les Proud Boys, afin de le désigner comme une organisation terroriste, a indiqué le gouvernement, vendredi,

Le gouvernement est de plus en plus exhorté à interdire le groupe en raison du rôle qu’il aurait joué dans l’émeute ayant mené mercredi au saccage du Capitole des États-Unis.

Le cabinet du ministre de la Sécurité publique Bill Blair n’a pu dire quand ou même si les Proud Boys seront ajoutés à la liste nationale des entités terroristes qui comprend des groupes comme al-Qaïda, le Hezbollah et Daech.

La porte-parole de M. Blair, Mary-Liz Power, a indiqué que les Proud Boys étaient l’un des groupes extrémistes « idéologiquement motivés » qui sont surveillés de près. Le gouvernement veut contrer la menace posée par les suprémacistes blancs et d’autres organisations d’extrême droite.

« Nos services de sécurité nationale et d’application de la loi sont très activement engagés dans la surveillance des activités de ces groupes et dans la collecte des preuves nécessaires pour étayer la détermination de l’inscription en tant qu’organisation terroriste », a souligné Mme Power dans un courriel.

Fondés par le Canadien Gavin McInnes, les Proud Boys sont un groupe d’extrême droite misogyne de plus en plus lié à l’idéologie suprémaciste et haineuse. Il a été interdit par Facebook et Instagram en octobre 2018 pour avoir enfreint leurs politiques haineuses.

Le groupe a fait les manchettes pour la première fois au Canada lorsque plusieurs membres de la Marine royale canadienne ont perturbé une manifestation autochtone à Halifax en 2017. Il a depuis étendu ses activités à l’échelle internationale.

Le président américain Donald Trump a refusé en septembre de condamner les Proud Boys lors d’un débat présidentiel américain avec Joe Biden, disant plutôt au groupe de « prendre du recul et de se tenir prêt ». Il a ensuite dénoncé le groupe.

Plusieurs membres du groupe ont participé à la prise d’assaut du Capitole, à la suite d’un discours de Trump.

Le chef NPD Jagmeet Singh a demandé au gouvernement fédéral d’interdire le groupe du Canada.

Mme Power n’a pas précisé quand les autorités ont commencé à surveiller les Proud Boys. Elle n’a pas non plus dit à quel moment le gouvernement déterminera si le groupe mérite ou non d’être ajouté à la liste.

Elle a toutefois rappelé qu’une telle détermination n’était pas un « exercice politique », mais bien un processus juridique qui nécessite des preuves et des renseignements.

Créée à la suite des attaques terroristes contre les États-Unis en septembre 2001, la liste du terrorisme compte plus de 50 organisations. Les groupes figurant sur la liste peuvent voir leurs biens saisis et des sanctions pénales graves sont prévues pour ceux qui les aident à mener des activités extrémistes.

L’expert en terrorisme de l’Université Queen’s, Amarnath Amarasingam, a décrit l’émeute du Capitole comme le type d’« évènement décisif » qui suscite souvent un débat sur l’idée de classer une organisation spécifique comme groupe terroriste.

M. Amarasingam a laissé entendre que ce ne serait pas difficile d’inscrire le groupe à la liste, mais il estime qu’une telle politique peut être politique.

« Nous ne parlerions pas des Proud Boys s’il n’y avait pas de changement radical en ce moment dans la façon dont les gouvernements, les entreprises de médias sociaux et les communautés traitent les groupes d’extrême droite. Ce n’est pas seulement politique, mais c’est aussi très politique, a-t-il souligné. Les gouvernements veulent envoyer le message que ce genre de chose ne sera pas toléré, et cela s’applique également aux groupes d’extrême droite. Je pense qu’il est temps de le faire. »