Quelques dizaines d’élèves et de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi, devant les bureaux du ministère de l’Éducation. Ils ont protesté contre le manque de mesures en place pour lutter contre le racisme dans le milieu scolaire, dans la foulée du cas de l’enseignant de l’école Henri-Bourassa, à Montréal-Nord.

« En tant que personnes racisées, on a tous ressenti ces choses-là à un moment donné. Que ce soit de légères microagressions à des attaques vraiment directes, le racisme est très présent dans nos écoles », affirme Mika Pluviose, aujourd’hui élève au cégep du Vieux Montréal.

Sur place, des militants du regroupement Béliers solidaires ont pris la parole, en appelant notamment à l’éducation populaire pour s’attaquer au profilage et au racisme. C’est ce regroupement qui avait mis en ligne en octobre une vidéo devenue virale où plusieurs affirment s’être sentis provoqués, ridiculisés ou agressés par l’enseignant Vincent Ouellette, à l’école Henri-Bourassa.

Mika Pluviose, lui, affirme que le cas de M. Ouellette n’est que la pointe de l’iceberg. « C’est sûr que c’est plus répandu. Lui, c’est le seul dont l’histoire est sortie au grand jour, mais ça ne se peut pas que ce soit un cas isolé », martèle le jeune homme.

« Il faut comprendre que ce climat nous blesse profondément », ajoute-t-il, en appelant à mettre sur pied des mesures concrètes et immédiates pour combattre l’incidence des propos racistes dans le corps professoral, et dans le milieu de l’éducation de façon plus générale au Québec.

Une mobilisation très active

Fin octobre, des dizaines d’élèves actuels et anciens avaient manifesté devant l’école secondaire Henri-Bourassa, en réclamant eux aussi des actions du gouvernement pour lutter contre le racisme dans le milieu de l’éducation au Québec.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Une manifestation était organisée le 30 octobre par Will Prosper devant l’école secondaire Henri-Bourassa pour dénoncer les propos racistes du professeur d’histoire Vincent Ouellette.

« Ça prend des mécanismes de plainte neutres, un accompagnement psychosocial adéquat pour les élèves, de la formation pour les profs, bref, des opportunités d’échanges sur les minorités », avait lancé Gio Olmos, aujourd’hui diplômée de l’établissement scolaire en question.

La semaine dernière, La Presse rapportait que le directeur de l’école Henri-Bourassa, Sébastien Tremblay, a été remplacé. Officiellement, il « a accepté un nouveau défi », a affirmé une source du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI). M. Tremblay occupe dorénavant le poste de directeur de l’école virtuelle.

Vincent Ouellette, lui, a été suspendu de ses fonctions de professeur depuis vers la mi-octobre. Le mois dernier, le CSSPI a aussi annoncé la tenue d’une enquête administrative et la révision de du code d’éthique de son personnel.

Québec se dit prêt à agir

Le gouvernement est prêt à prendre les moyens nécessaires pour mieux lutter contre la violence, l’intimidation et le racisme dans les écoles, soutient Geneviève Côté, attachée de presse de Jean-François Roberge. Le ministre de l’Éducation compte déposer un projet de loi dans le présent mandat pour réformer le protecteur de l’élève. L’institution deviendrait une instance nationale, indépendante des centres de services scolaires au sein des réseaux publics et privés.

« Tout membre du personnel ou tout élève qui agit de façon inappropriée en tenant des propos racistes doit être dénoncé et personne ne devrait avoir peur de le faire », a insisté Mme Côté, qualifiant les allégations rapportées par les élèves de l’école Henri-Bourassa de « très troublantes ».

Le gouvernement se dit ouvert à la discussion pour instaurer des mesures plus spécifiques au racisme dans les écoles si cela est nécessaire.