(Québec) S’il n’est pas accompagné de sommes « substantielles », le rapport du groupe d’action contre le racisme sera un « échec monumental », affirme Québec solidaire (QS).

Le groupe contre le racisme, créé en juin par le premier ministre François Legault et composé de sept élus caquistes, doit déposer son rapport au plus tard au début décembre, a confirmé le gouvernement.

Si l’argent ne suit pas les recommandations, les Québécois pourront donc conclure que le gouvernement ne fait que des « vœux pieux », estime le porte-parole de QS en matière d’immigration, Andrés Fontecilla.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le porte-parole de QS en matière d’immigration, Andrés Fontecilla

D’ailleurs, le ministre des Finances aurait pu profiter de la mise à jour économique de jeudi dernier pour envoyer un message fort, mais il ne l’a pas fait, souligne-t-il en entrevue.

Nous allons surveiller très attentivement la question des moyens qui sont mis à la disposition de ce plan d’action-là, parce que sinon, ça va être un échec monumental.

Andrés Fontecilla, député solidaire de Laurier-Dorion

Selon le député de Laurier-Dorion, c’est simple : si on accorde de l’importance à un enjeu, on investit de l’argent, et on continue d’investir pendant plusieurs années. « Sinon, c’est un coup d’épée dans l’eau. »

Gestes concrets

QS veut que ces sommes servent essentiellement à embaucher des gens, qui auraient comme tâche, par exemple, de concevoir des formations sur le racisme pour les employés du secteur public.

Les communautés culturelles devraient être impliquées « ou minimalement consultées », selon Andrés Fontecilla, qui concède que la conception de telles formations pourrait prendre un certain temps.

Il demande à ce que les groupes concernés soient rémunérés, dans la mesure où, selon sa vision des choses, ils pourraient devoir développer leur expertise afin d’assister le gouvernement.

En outre, QS s’attend à ce que le groupe d’action s’attaque au profilage racial, en recommandant que les policiers zélés soient lourdement pénalisés au lieu de recevoir « une tape sur les doigts ».

Et il recommande qu’à tous les ans, le quart des embauches soit des gens issus des minorités, jusqu’à l’atteinte de 13 % de minorités dans la fonction publique, soit leur proportion actuelle au Québec.

Pour l’heure, environ 9 % des employés de la fonction publique sont issus des communautés culturelles.

On a des attentes élevées. C’est un problème dont on parle depuis longtemps, un problème grave qui fait la manchette régulièrement.

Andrés Fontecilla, député solidaire de Laurier-Dorion

Racisme systémique

Le groupe d’action contre le racisme n’a pas encore remis son rapport que la possibilité d’y reconnaître une forme de racisme systémique au Québec a déjà été exclue par le premier ministre François Legault.

Un refus « politique et idéologique », selon M. Fontecilla, qui rappelle que le racisme systémique « est en train d’être reconnu par l’ensemble de la société nord-américaine ».

« Je comprends bien qu’on est une société distincte, mais au point d’être si exceptionnel de ne pas reconnaître une réalité que tout le monde en Amérique du Nord reconnaît… »

Par ailleurs, il déplore que la ministre de l’Immigration, Nadine Girault, ait boycotté la semaine dernière une rencontre fédérale qui visait à discuter du racisme systémique.

Amnistie internationale a fermement dénoncé l’attitude du gouvernement Legault.

« Le gouvernement du Québec est en train de se peinturer dans le coin », conclut M. Fontecilla.