Le petit doute que j’avais sur les intentions réelles de Denis Coderre invité mercredi à faire part de ses réflexions sur le « réseautage en temps de pandémie » a complètement disparu à la fin de la discussion.

Il m’est apparu évident que cette rencontre virtuelle offerte sur Zoom n’était qu’un prétexte pour rappeler que l’ancien maire de Montréal existe toujours alors qu’on s’apprête à lancer le compte à rebours des prochaines élections municipales qui auront lieu le 7 novembre 2021.

Ce rusé de la politique se doute bien, de même que Tesla RP, la firme de relations publiques qui a organisé l’évènement, que Valérie Plante va se prêter au jeu des entrevues au cours des prochains jours. Ça sera pour elle l’occasion de faire le bilan de ses trois premières années au pouvoir.

Alors que les questions tournaient autour de l’importance d’un bon réseautage, Denis Coderre a utilisé chacune des minutes qui lui étaient allouées pour formuler un discours qui ressemblait davantage à celui d’un maire au pouvoir. Même qu’à un moment donné, on a cru entendre des envolées de premier ministre ou de directeur de santé publique.

Au cours de cet échange, où les questions du public n’étaient pas permises, il a parlé d’« équilibre de vie », de discipline et du respect des règles de distanciation. Puis le motivateur en lui nous a servi sa fameuse phrase : « Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE


Denis Coderre, ex-maire de Montréal

On a aussi eu droit à une citation de Churchill : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal : c’est le courage de continuer qui compte. »

À la toute fin, l’animatrice lui a posé l’incontournable question, celle qui porte sur son éventuel retour en politique municipale. Il a alors évoqué le livre qu’il lancera sous peu et qui portera sur sa vision de Montréal et des villes du futur. « Les journalistes pourront me questionner sur mes intentions à ce moment-là », a-t-il dit avant d’ajouter qu’il fallait d’abord « laisser finir 2020 ».

Il faut être naïf pour croire que cet évènement n’était pas une opération de relations publiques, un habile (mais pas très subtil) tour de passe-passe dont la politique détient la recette et les firmes de relations publiques les ingrédients.

Juste avant cette discussion, qui avait lieu à midi, je me suis entretenu avec le directeur de Tesla RP, Louis Aucoin. Il m’a expliqué que son entreprise désire lancer une série de mini-rencontres numériques « dans les prochains mois » avec des personnalités ou des spécialistes.

« On commence avec Denis, car il est connu, a-t-il dit. Pour le reste, Denis est joignable. »

Je lui ai fait part de mon étonnement de voir que cet évènement numérique avait été programmé à quelques jours du 7 novembre. « C’est voulu de ma part, mais pas de la sienne, m’a dit Louis Aucoin. On travaille à un projet avec lui (Félix & Paul Studios) et je me suis dit que Denis était sollicité par tout le monde et que ça nous ferait un bon premier invité. »

J’ai ensuite voulu savoir si Denis Coderre était un client de Tesla RP. « Non, il est plutôt un partenaire. » Client, partenaire… Disons que Denis Coderre est en périphérie d’une firme de relations publiques.

Curieux hasard…

Curieux hasard également, cette vidéo d’une élue d’Ensemble Montréal sur laquelle on a attiré mon attention. La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, y va d’une charge à fond de train contre l’administration Plante.

Mme Black n’a pas apprécié les propos de Valérie Plante à l’émission Tout le monde en parle au sujet des enjeux sociaux à Montréal-Nord. La mairesse de la Ville de Montréal a affirmé que des règlements des dernières années ont fait en sorte que les jeunes « se sont sentis exclus ».

Piquée au vif, Christine Black l’a interpellée lors de la séance du conseil municipal du 19 octobre dernier. Valérie Plante n’a pas souhaité répondre à la question de sa collègue. La mairesse de Montréal-Nord conclut sa vidéo en disant qu’au lieu de « dénigrer » l’arrondissement de Montréal-Nord, Valérie Plante devrait plutôt aider les citoyens.

Le 7 novembre, nous serons à un an des prochaines élections municipales. Le mouvement des derniers mois m’amène à croire que ça ne sera pas ennuyant. Mais pas du tout.

Un départ de plus

La chose a fait peu de bruit. Il faut dire qu’elle a été communiquée vendredi soir dernier. Je vous parle de l’expulsion du caucus de Projet Montréal de Julie-Pascale Provost, conseillère de l’arrondissement de Lachine.

On a invoqué des relations « tendues et difficiles » avec Mme Provost qui s’oppose au projet de fermeture de la marina de Lachine pour la transformer en parc riverain. Ce projet doit voir le jour d’ici 2025.

Julie-Pascale Provost affirme que Projet Montréal l’empêche d’avoir accès à certains dossiers liés à ce projet.

Je me suis entretenu lundi avec Valérie Plante à ce sujet. « Mme Provost a voté contre le projet et s’est ensuite lancée dans une opération de lynchage visant ses collègues de l’arrondissement, de la ville-centre et du comité exécutif. C’est inacceptable. »

Projet Montréal aurait-il du mal avec la dissension ? Est-il difficile d’offrir un vent contraire au reste du parti ? « Contrairement à ce que l’on dit, nous avons des votes libres, ajoute Valérie Plante. On ne veut pas empêcher les gens de s’exprimer. Mais en même temps, il y a une façon de faire. »

Cette expulsion du caucus est la troisième en deux ans. Il y a d’abord eu Giuliana Fumagalli, mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, en août 2018, suivie de Sue Montgomery, mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, en janvier 2020.

Les raisons (harcèlement pour la première et ne pas avoir agi dans des cas de harcèlement pour la seconde) qui ont mené à leur expulsion sont toutefois différentes de celles de Julie-Pascale Provost.

Cette dernière, maintenant indépendante, promet de continuer à se faire entendre.

Bref, on peut avoir une opinion différente à Projet Montréal. On peut l’exprimer. Mais pas trop.

Parlez-en à Luc Ferrandez, qui, en février 2018, avait taxé d’« amateurisme » le travail fait par son parti sur les taxes.

Avant de s’excuser, il avait passé une journée à fredonner la chanson de Richard Desjardins : « J’aurais dû, ben dû, donc dû, farmer ma grand’yeule ! »