Les travailleurs des services publics sont « écœurés », las du manque de reconnaissance et exaspérés par une négociation avec Québec qui n’avance pas, malgré les affirmations publiques du gouvernement Legault, affirme le président de la FTQ, Daniel Boyer.

« On est inquiet, mais aussi écœuré. Inquiet, pour la bonne et simple raison — et je l’ai dit et répété — si on continue comme ça, ça va péter. Bien là, ça pète, les amis là ! Je vous le dis : on est sur le point d’avoir des ruptures de services un peu partout, en santé, en éducation. C’est inquiétant. Et quand je dis qu’on est écoeuré : ça fait pratiquement un an qu’on a déposé nos demandes au gouvernement. On est loin, très loin de s’entendre », a résumé le président de la FTQ.

Au cours d’une conférence de presse, mercredi, pour faire le point sur sa négociation, il a affirmé que sa centrale a franchi des pas depuis le début de la négociation avec Québec, qu’elle a fait des contre-propositions au gouvernement — en vain. M. Boyer soutient que les négociateurs gouvernementaux aux tables ont conservé la même position depuis le début, qu’eux n’ont pas fait de concessions.

Alors qu’il était encore président du Conseil du trésor, Christian Dubé avait soutenu le contraire, en mettant en ligne les offres gouvernementales aux syndicats du secteur public, en mai, et en affirmant que le gouvernement avait bonifié son offre depuis le début des négociations.

Le gouvernement Legault a effectivement fait des efforts particuliers pour les préposés aux bénéficiaires en CHSLD, en leur accordant des primes et en formant d’importantes cohortes, en accéléré, pour combler les besoins en personnel. Le premier ministre François Legault lui-même s’est engagé à ce qu’ils touchent 49 000 $ par année, à temps complet.

Les deux grands syndicats de la FTQ qui représentent des préposés aux bénéficiaires, à savoir le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) et le Syndicat québécois des employés de services (SQEES), ont même conclu une entente de principe pour assurer la stabilité des postes de préposés et s’assurer de l’intégration des recrues dans le métier.

« Ça, on en est fier. On les a accueillis positivement ces gens-là et bravo ! Mais il n’y a pas juste les préposés aux bénéficiaires », s’est exclamé le président de la FTQ, qui en représente plusieurs milliers.

M. Boyer rappelle que les employés des services publics, ce sont aussi des employés de bureau, des employés de soutien, des ouvriers spécialisés, plombiers et électriciens dans les commissions scolaires, qui sont beaucoup moins payés que dans le secteur privé.

Hormis le dossier des préposés aux bénéficiaires où il y a eu des gains, l’insatisfaction est grande, relate M. Boyer. « Même pour les enjeux les plus simples, ça ne bouge pas. »

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec envisage donc des moyens de pression. Il s’agira toutefois de moyens de « visibilité ». Il n’est pas question de grève ni de provoquer une rupture de services, a-t-il assuré.

« Dans les prochains jours, on fera des gestes de mobilisation, des gestes positifs, dans le but de se faire voir, que la population comprenne l’ampleur de la tâche qui se fait par les membres qu’on représente, dans le but justement d’avoir l’appui de la population. Il faut que nos élus comprennent que les tâches que nos membres font, leur travail est remarquable, dans des conditions difficiles. Et ça, ça doit être reconnu. Et la reconnaissance, ça passe d’abord par le renouvellement des conventions collectives », a plaidé M. Boyer.