Les automobilistes devront s’y habituer : des vélos, on en verra de plus en plus dans les villes et ils prendront de plus en plus de place.

C’est le constat que fait Suzanne Lareau, alors qu’elle s’apprête à donner son dernier coup de pédale comme PDG de Vélo Québec, après 35 ans au sein de l’organisation.

« Le mouvement est en marche. C’est une tendance de fond mondiale et on ne reviendra pas en arrière. Il y aura de plus en plus d’espace pour les cyclistes, les piétons, le transport collectif », dit Mme Lareau, qui a annoncé la semaine dernière qu’elle quittait Vélo Québec, à la recherche d’un nouveau défi professionnel.

L’aménagement de nouvelles pistes cyclables provoque la controverse dans plusieurs secteurs de Montréal en raison de la réduction des voies pour les voitures et de la diminution du nombre d’espaces de stationnement. L’administration de la mairesse Valérie Plante fait l’objet de virulentes critiques de la part d’automobilistes et de commerçants, notamment ceux de la rue Saint-Denis, où les travaux d’aménagement du Réseau express vélo ont commencé au cours des dernières semaines.

Mais peu importe le parti qui prendra le pouvoir à l’hôtel de ville de Montréal lors des élections de l’automne 2021, les aménagements pour les cyclistes vont se poursuivre, souligne Suzanne Lareau, qui rappelle que le réseau cyclable a pris de l’expansion pendant les années de Denis Coderre à la mairie, entre 2013 et 2017.

Crise climatique et congestion

Le vélo n’est pas qu’une mode, ajoute-t-elle. Sa popularité ne se dément pas, parce qu’il est à la fois un moyen de transport, un sport et un loisir, en plus de faire partie de la solution à la crise climatique et à la congestion routière dans les villes.

Ce qui cause les problèmes de circulation à Montréal, ce sont les autos, pas les vélos. Il s’ajoute 40 000 nouvelles voitures chaque année dans la région de Montréal. Ça ne peut plus continuer, il n’y a plus assez de place !

Suzanne Lareau, PDG de Vélo Québec

Mme Lareau se désole de la hargne exprimée par certains automobilistes envers les cyclistes, qui contribuent pourtant à désengorger le réseau routier.

Pourquoi les adeptes du vélo servent-ils de boucs émissaires ? « Peut-être parce que c’est un symbole de liberté qui agace, avance-t-elle. Quand vous êtes pris en voiture dans la congestion et que vous êtes dépassé par un cycliste, qui n’a pas besoin de permis, mais qui circule quand même à bonne vitesse, efficacement, ça peut créer de la frustration. »

La politique, non merci

La voix de Suzanne Lareau est présente depuis longtemps dans l’espace public lorsqu’il est question de transport et d’aménagements urbains. Après son départ de Vélo Québec, elle dit vouloir continuer d’être au service de la collectivité, avec un souci pour l’environnement et la justice sociale. Se prépare-t-elle à faire le saut en politique ?

« Pas du tout, répond-elle fermement. Je trouve que la société a des commentaires très durs envers les hommes et les femmes politiques, et je n’ai pas envie de subir ça. C’est un travail très ingrat. »

Par exemple, souligne-t-elle, on demande aux politiciens d’agir face à la crise climatique. « Mais quand ils agissent, en favorisant les déplacements à vélo, notamment, les gens sont encore mécontents ! », laisse-t-elle tomber.