Amateurs de théories du complot qui êtes convaincus que la Terre est plate et que le coronavirus a été fabriqué en laboratoire pour permettre à Bill Gates de nous vacciner la 5G dans les veines, j’ai un scoop pour vous. Quelque chose de gros. De très gros. Vous êtes bien assis ? La vie est un complot. Un vaste complot. De A à Z. Du premier au dernier jour. Life is a conspiracy.

Pas juste la COVID. Pas juste le gars sur la Lune. Pas juste la zone 51. Pas juste le 11-Septembre. Pas juste la mort d’Elvis.

Arrêtez de remettre en cause toujours les mêmes affaires. Faites vos recherches ! Vos grosses recherches. La patente au complet est une conspiration. Le fondement même de l’Univers.

On est manipulés, avant même notre naissance.

PHOTO GETTY IMAGES

« On est manipulés, avant même notre naissance. Avez-vous demandé à venir au monde, vous ? », demande notre chroniqueur.

Avez-vous demandé à venir au monde, vous ? Non. Deux personnes ont comploté votre existence dans votre dos. Ou plutôt dans votre absence de dos. Sans vous en parler. Sans vous le demander.

On est à peine sortis du ventre de notre mère que nos droits et libertés sont déjà bafoués. On a décidé pour nous qu’on allait vivre.

Après ça, on s’étonne qu’on ne soit pas consultés, quand on nous impose le port du masque. On ne nous a même pas consultés quand on nous a imposé le port d’une face !

Non seulement faut faire avec, mais faut faire avec celle qu’on a. Au moins, pour le masque, on peut choisir les motifs et la forme. Pour notre face, tout est une question de génétique. Et la génétique est souvent pas gênée. Pas gênée de nous arranger le portrait. Ça fait rarement notre affaire. Les frisés veulent être raides. Les raides veulent être frisés. Pour le plus grand bonheur des psys et des plasticiens.

On nous mène en bourrique dès nos premières années sur Terre. Ce serait simple et franc de nous donner à Noël un cadeau en nous disant que ça vient de notre chère maman et de notre cher papa. On aime tellement notre maman et notre papa, quand on a 4 ans. On serait si contents qu’ils aient pensé à nous. Rien ne nous ferait plus plaisir.

Ben non ! On essaie de nous faire croire que ça vient d’un vieux monsieur libidineux qui est venu porter notre présent en passant par la cheminée.

Après, on va nous reprocher, quand on va être grands, de ne plus croire les sources d’informations sérieuses. Les deux personnes les plus importantes de notre vie, celles qui sont les plus crédibles pour nous, celles qui ont toute notre confiance, celles qui nous ont tout appris, celles de qui émane tout ce que l’on sait, les Pierre Bruneau et Céline Galipeau de notre petite enfance, nous racontent n’importe quoi. Complètement n’importe quoi.

Les conspirationnistes sont des gens qui ne se sont jamais remis après avoir appris que le père Noël n’existait pas. Et quand, durant le confinement, le premier ministre leur a dit que la fée des dents était un service essentiel, ça a réveillé en eux toutes leurs désillusions de jeunesse. Ils se sont braqués. Ils ont tout rejeté. Tout est devenu faux, même la vérité.

La vie est un complot. Et comme tous les complots bien planifiés, on n’a aucune idée de qui en est l’auteur. Comme dans La casa de papel, durant longtemps, tout le monde ignorait que c’était le professeur. Faudrait savoir à qui ça rapporte, notre passage ici-bas ? À Bill Gates ? Oui, un peu. Mais ce serait le surestimer de lui attribuer l’origine du monde.

La vie est un complot, et qui plus est, un complot mortel. Ce qui est pire que nous avoir donné la vie sans nous le demander, c’est nous l’enlever sans qu’on le veuille. Toujours trop tôt.

Entre les deux moments, faudrait cesser de se méfier les uns des autres.

La vie est un complot, mais c’est aussi une impro.

Une improvisation qu’il n’en tient qu’à nous d’imaginer. Sans intrigue, sans ruse. Avec des gens de bonne volonté.

Vrai qu’on ne nous a pas demandé d’exister. Mais ce n’était pas pour mal faire. Au contraire, c’était pour nous faire une surprise. La plus belle des surprises : l’amour.

Allez, complotez-vous un beau samedi.