(Québec) L’ex-déléguée générale du Québec à Dakar, au Sénégal, Fatima Houda-Pepin, n’entend pas se laisser tasser de ses prestigieuses fonctions sans riposter.

Congédiée la semaine dernière par le ministère des Relations internationales (MRIF), qui a mis fin à son contrat après moins d’un an de service, elle demande à la ministre Nadine Girault de rendre public le rapport préparé par un administrateur expert du ministère sur sa gestion de la délégation.

De plus, si l’Assemblée nationale le souhaite, et si son devoir de réserve est levé, elle se dit prête à témoigner publiquement en commission parlementaire et à divulguer des informations et des documents sur la situation problématique observée à la délégation de Dakar.

L’ancienne députée libérale a expédié une longue lettre à La Presse canadienne mardi, en vue de répliquer à ce qu’elle considère des faussetés véhiculées dans les médias ces derniers temps à son sujet. Surtout, elle en veut au ministère, pour la façon dont elle a été traitée.

« L’ampleur des attaques publiques et leur impact sur mon intégrité, ma famille et mes proches, me force, en l’absence de réponse du MRIF, à rectifier les faits compte tenu des dommages irréparables à ma réputation », écrit-elle.

La décision du ministère a été prise « sans justification valable », selon l’ancienne diplomate, qui se dit « en profond désaccord » avec la position du ministère, n’ayant commis à ses yeux aucune faute.

S’estimant injustement traitée, Mme Houda-Pepin dit pouvoir réfuter toutes les allégations qui ont circulé sur ses problèmes de relations de travail à la délégation et sur de prétendues folles dépenses d’hébergement.

« J’ai assumé les responsabilités de ma charge avec honnêteté, loyauté, et intégrité dans l’intérêt public et en conformité avec les orientations et objectifs définis par le gouvernement du Québec », fait valoir celle qui fut vice-présidente de l’Assemblée nationale.

Elle insiste pour dire que l’enquête commandée par le ministère peu après son arrivée en fonction ne portait pas sur un prétendu climat toxique de relations de travail, mais plutôt sur la gestion administrative et financière prévalant à la délégation avant son arrivée, l’automne dernier.

Le rapport de l’administrateur, remis à la sous-ministre, n’a pas été rendu public, et même si elle était visée par l’enquête, elle n’a pas pu en prendre connaissance.

C’est elle-même, dit-elle, le jour de son entrée en fonctions, qui a décidé d’alerter les autorités du ministère à Québec, en demandant qu’on fasse « l’état des lieux » de la délégation et qu’on nomme un administrateur permanent chargé de redresser la situation.

Certains employés lui ont reproché de s’être installée à l’hôtel plutôt qu’à la résidence officielle de Dakar, entraînant ainsi des coûts non justifiés. À cela, elle réplique que la résidence officielle n’était pas sécurisée et se trouvait à son arrivée « dans un état insalubre en dépit du fait que deux femmes de ménage étaient rémunérées par la Délégation pour en faire l’entretien quotidien ».

Par souci d’économie, elle dit avoir opté pour un appartement de fonction « et non une villa coûteuse ».

Elle affirme de plus que, contrairement à ce qu’ont prétendu des employés locaux de la délégation, elle n’a jamais « empêché les employés de la délégation d’échanger en langue wolof ».

Cependant, elle demandait à ses employés de s’assurer que leurs échanges reliés au travail se passent en français. « Le contraire aurait pour effet d’empêcher certains membres de la délégation de pleinement participer à ces échanges professionnels », dit l’ex-déléguée nommée par le premier ministre François Legault en septembre.