Ils devaient rapatrier de Chine plus de 100 chiens et chats, interdits sur les vols chinois. Finalement, les expatriés canadiens et américains qui avaient nolisé un Airbus A380 pour l’opération n’ont pas réussi à faire rentrer les petites bêtes en Amérique du Nord.

À moins de 16 heures du départ, l’agence équivalente à Transports Canada en Chine a annulé son autorisation. La raison évoquée ? Des messages sur les réseaux sociaux de passagers annonçant leur départ du pays avec des animaux rescapés.

« On a expliqué que certaines personnes avaient été familles d’accueil pour des animaux rescapés, mais que c’était avec des organisations, qu’elles avaient eu les autorisations et qu’on ne ramassait pas les chiens dans les rues », a expliqué au téléphone Mathieu Cormier, qui avait participé à l’organisation de l’opération baptisée Mission Impawsible. L’avion devait décoller le 18 juillet.

Les autorités chinoises ont fini par redonner leur feu vert, mais il était trop tard pour le vol qui devait accueillir près de 200 passagers et 130 animaux : le voyage ayant été retardé de deux semaines, l’avion n’était plus disponible.

Vol commercial

Des expatriés ont préféré rentrer au pays par un vol commercial, même si les transporteurs chinois n’acceptent plus d’animaux dans l’avion en raison de la pandémie.

Samuel Desjardins, 29 ans, et sa conjointe ont décidé de laisser leur chatte Zara à des collègues canadiens et de rentrer le 21 juillet, après près d’un an passé en Chine.

On a adopté notre chatte en octobre et on avait regardé avant comment la ramener au Canada ; on ne voulait pas prendre un animal et ne pas le ramener. Malheureusement, à cause du coronavirus, tout a changé.

Samuel Desjardins

Zara est devenue « un troisième membre de la famille », alors que le couple était seul en pays étranger. Outre l’avantage de pouvoir transporter leur animal, le couple avait choisi de prendre le vol nolisé en raison du coût plus abordable du voyage, à près de la moitié du prix des transporteurs chinois.

Comme les vols d’Air Canada de Shanghai reprendront ce mois-ci, M. Desjardins espère que des expatriés rentrant avec un vol canadien pourront ramener la chatte au pays.

Froid diplomatique

Noliser l’avion coûtait environ 500 000 $ US, et une campagne GoFundMe avait permis d’amasser plusieurs dizaines de milliers de dollars. M. Cormier assure que les donateurs ont tous été remboursés et que ceux qui avaient acheté une place sur le vol le seront aussi. « C’était important d’avoir des clauses pour nous faire rembourser si on ne pouvait pas partir et que ce n’était pas la faute de notre groupe », a précisé l’ancien directeur des services économiques du Bureau du Québec à Shanghai, rentré vendredi soir avec son fils – sans les deux chats d’une Canadienne qu’il avait accepté de ramener dans le cadre de l’opération.

Il souligne que la mise sur pied de l’opération avait pris près de trois mois.

Celui qui a passé neuf ans en Chine, et qui comprend la nécessité d’avoir des règles pour le voyage d’animaux, n’a pas pu s’empêcher de souligner le « timing vraiment spécial » de l’annulation de leur autorisation. « En Chine, c’est rare que des trucs arrivent par hasard », a-t-il avancé en citant le froid diplomatique entre Pékin et Ottawa, mais aussi l’escalade des tensions sino-américaines dans les dernières semaines. Le vol devait s’arrêter à Vancouver, mais aussi à Seattle.