Laurie Dupont a deux filles, Dali, 7 ans, et Raphaëlle, 9 ans. Elles sont toutes deux « hypothétiquement » inscrites au service de garde de leur école primaire de Saint-Basile-le-Grand, en septembre. Vont-elles y aller ? Pas certain. Idéalement, non.

Mme Dupont préférerait les garder à la maison, si son travail le lui permet. Elle n’est pas la seule. Le quart des parents n’a pas l’intention de renvoyer ses enfants au service de garde, selon une étude de Statistique Canada dévoilée mercredi.

La moitié d’entre eux, soit le huitième du total, se disent préoccupés par la santé de leurs enfants ou d’un autre membre de la famille. Près du tiers (32 %) assure ne plus avoir besoin de garderie parce que les enfants ont grandi. Et un petit pourcentage (6 %) déclarent ne plus avoir les moyens de payer pour ces services.

Les résultats de cette étude pancanadienne, qui repose sur une participation volontaire des répondants, au nombre de 32 000, sont difficiles à interpréter parce que les règles de confinement concernant les services de garde variaient grandement d’une région à l’autre. Mais elle illustre l’inquiétude et l’incertitude face à l’avenir.

Laurie Dupont fait partie de ces jeunes parents qui jonglent avec plusieurs scénarios, ne sachant pas de quoi l’automne sera fait.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Laurie Dupont hésite à envoyer ses filles au service de garde à l’automne. Sur la photo, ses filles Raphaëlle, 9 ans, Dali, 7 ans, et son conjoint.

Je préférerais que mes filles n’aillent pas au service de garde pour des raisons de santé, mais aussi pour la dynamique de travail qu’on a créée. C’est vraiment le fun de passer plus de temps avec elles. Moi qui travaille à Montréal, habituellement, je ne les vois pas tant la semaine.

Laurie Dupont

Son conjoint et elle n’excluent d’ailleurs pas la possibilité de retirer leurs filles de l’école, si le nombre de cas de COVID-19 repart à la hausse. « On va réfléchir si ça devient plus problématique », glisse-t-elle.

Véronique Alarie partage les mêmes inquiétudes. Mère de deux enfants, Mathilde, 4 ans, et Éloi, 6 ans, elle scrute les nouvelles tous les jours à la recherche d’informations sur le coronavirus. « On prend les décisions au fur et à mesure. »

Sa plus jeune doit faire son entrée à la maternelle en septembre, et son aîné, qui aura bientôt 7 ans, ira en 2e année.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Véronique Alarie

C’est sûr que si je vois qu’il y a de plus en plus de cas, je vais essayer de continuer de faire du télétravail pour aller les chercher plus tôt et éviter le service de garde. L’école de mon garçon compte 500 enfants, qui sont inscrits pour la grande majorité au service de garde, où les jeux libres sont plus présents.

Véronique Alarie

Mme Alarie se préoccupe autant de la santé physique que de la santé mentale de ses enfants. Pendant le confinement, elle a noté que son fils avait trouvé très difficile de ne plus voir ses amis. « Donc, ça aussi, ça fait partie de l’équation », dit-elle.

La pandémie a bouleversé son mode de vie comme celui de nombreuses autres familles, au Québec et ailleurs au Canada. Dès le début de la crise sanitaire, les femmes ont été plus nombreuses que les hommes à perdre leur emploi. Le secteur des services, majoritairement occupé par des femmes (54 %), est encore aujourd’hui le plus durement touché.

Selon l’étude de Statistique Canada, seulement 1 parent sur 10 ayant des enfants de moins de 15 ans a déclaré avoir eu recours à un service de garde pendant la pandémie. Au Québec, c’est 5 % des participants qui utilisaient ces services, réservés au personnel de la santé et de première ligne.

À titre de comparaison, en Colombie-Britannique, ce pourcentage était de 13 %. Il était de 15 % en Alberta, de même qu’au Nouveau-Brunswick. Et de 17 % à l’Île-du-Prince-Édouard.

Parmi les parents qui ont eu besoin des services de garde, environ le tiers (35 %) utilisait le même mode de garde et payait les mêmes frais qu’avant la pandémie.

Près de la moitié utilisait un mode de garde différent et payait les mêmes frais, alors que 11 % utilisaient un mode de garde différent et ne payaient pas le même montant. Certains parents (6 %) ont continué à payer même s’ils n’utilisaient pas de service de garde.

L’utilisation variait aussi selon l’âge des enfants.

Parmi les participants ayant uniquement des enfants d’âge préscolaire, 14 % ont utilisé des services de garde pendant la crise, comparativement à 6 % des participants ayant des enfants d’âge scolaire.

Cette étude a été réalisée du 9 au 22 juin, selon une approche participative. Contrairement aux données des autres enquêtes de Statistique Canada, elle n’est pas fondée sur un plan de sondage probabiliste. Autrement dit, les résultats ne peuvent être appliqués à l’ensemble de la population. « Cependant, un facteur d’ajustement fondé sur les projections démographiques du nombre de familles qui, en date de janvier 2020 et selon la province, n’avaient que des enfants de 0 à 5 ans ou de 6 à 14 ans ou un mélange d’enfants des deux groupes d’âge a été utilisé pour chaque participant afin de compenser la surreprésentation ou la sous-représentation des participants », indique-t-on.