Après une vague de dénonciations anonymes, ce sont des centaines de femmes en chair et en os qui ont manifesté, dimanche à Montréal, contre les agressions sexuelles.

Elles auraient défilé à visage découvert, mais la COVID-19 en a décidé autrement : la plupart étaient masquées.

Le rassemblement visait à dénoncer les « lacunes du système judiciaire » dans le traitement des allégations de ce type et « les actes houleux du boys club ainsi que de ses témoins silencieux ».

Le groupe a écouté discours et prestations musicales au parc La Fontaine avant de marcher jusqu’au palais de justice de Montréal.

Stéphanie Germain, organisatrice de l’évènement, a affirmé qu’il s’agissait d’un effort de plus pour convaincre les Québécois que les mentalités devaient changer en matière de relations intimes.

  • PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

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« On est tannées de ce cycle de violence et on veut briser la tolérance et le silence devant la culture du viol », a-t-elle expliqué à La Presse. « Il y a trop de personnes qui souffrent en ce moment de violences sexuelles, du harcèlement, de la culture du viol en général. Au fil des années, on a normalisé ces comportements-là, mais on se rend compte maintenant que c’était totalement inapproprié et que ça brise des vies. Ça hypothèque la vie de beaucoup de personnes dans la société. Il est temps que ça change. »

Quelques artistes se sont produits dans le parc avant la manifestation. La chanteuse du groupe Charogne a interprété une pièce écrite après avoir subi des sévices sexuels.

« C’est très, très fréquent »

Dans la foule, Marie-Perle Poitier et Marie-Joëlle Chaîné ont consacré leur après-midi à la cause.

« Il est arrivé quelque chose à toutes les femmes que je connais. Juste hier [samedi], je me suis fait “catcaller” [harceler] dans la rue en revenant chez moi. Je revenais de travailler, il était environ minuit, a relaté la seconde. Ça arrive souvent, c’est très, très fréquent. »

Les deux femmes travaillent dans un bar. « J’essaie d’avoir tout le temps quelqu’un qui marche avec moi jusqu’à mon auto » en terminant un quart de travail, a dit Mme Poitier.

Elles ont des réserves face à la vague de dénonciations anonymes qui déferle sur les réseaux sociaux depuis deux semaines, mais en comprennent les motifs. « Le système de justice n’est pas adapté à ce genre de problèmes là, a continué Marie-Perler Poitier. Les victimes se donnent un semblant de justice. »

Non loin de là, Frédérique Sauvageau et deux amies avaient aussi des raisons de se sentir personnellement interpellées par la manifestation.

« J’ai vécu des violences sexuelles, alors ça me touche directement », a dit Mme Sauvageau.

Le cortège est arrivé au palais de justice de Montréal en après-midi. Le Service de police de la Ville de Montréal n’a pas déploré d’incidents.