Près d’un Canadien sur sept déclarait vivre une situation d’insécurité alimentaire en mai, indique Statistique Canada dans une étude sur la question publiée mercredi.

La COVID-19, qui a entraîné de nombreuses pertes d’emplois ou la réduction des heures de travail, a eu d’importantes conséquences sur le portefeuille des Canadiens.

Le plus récent coup de sonde de Statistique Canada sur la possibilité pour chaque ménage de payer son épicerie remonte à la semaine du 4 au 10 mai. Les personnes interviewées devaient dire s’il leur était arrivé de vivre l’une ou l’autre des manifestations d’insécurité alimentaire, dans les 30 jours qui précédaient.

Les Canadiens touchés par une mise à pied ou par une autre circonstance liée à la COVID-19 étaient près de trois fois plus susceptibles d’être en situation d’insécurité alimentaire (28,4 %) que ceux qui travaillaient (10,7 %).

Les personnes qui sont parents étaient aussi plus susceptibles de manquer d’argent pour manger adéquatement.

Ainsi, 11,7 % des Canadiens avec enfants ont dit qu’il leur était arrivé que toute leur nourriture soit mangée et qu’ils n’aient pas d’argent pour en racheter (7,3 % dans le cas des Canadiens sans enfants) ; 11,7 % ont répondu que les adultes du ménage avaient sauté des repas ou réduit leurs portions (contre 8,1 % des Canadiens sans enfants) ; 13 % des répondants avec enfants ont dit qu’ils n’avaient pas (parfois ou souvent) les moyens de manger des repas équilibrés ; 9,1 % ont dit qu’ils ont eux-mêmes eu faim parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter assez de nourriture.

« Estimation prudente »

Statistique Canada précise que ces résultats constituent probablement « une estimation prudente » de l’insécurité alimentaire au Canada. De telles études menées aux États-Unis sur 30 jours plutôt que sur 12 mois donnent des taux plus bas, indique l’organisme fédéral. L’enquête par panel sur l’internet, telle qu’utilisée par Statistique Canada, « sous-représente certaines populations connues pour être vulnérables à l’insécurité alimentaire [par exemple les personnes divorcées, veuves ou séparées, les locataires] ».

Les résultats obtenus par Statistique Canada concordent avec ce qui est observé sur le terrain par les banques alimentaires.

Moisson Montréal indique avoir dû augmenter ses services de 30 % depuis le 6 avril.

Déjà, au début de mai, Jeunesse au Soleil indiquait avoir exceptionnellement donné de l’aide alimentaire à plus de 10 000 personnes.