(Québec) Le rabais de 50 % sur la carte annuelle de la SEPAQ, qui sera offert à compter de lundi prochain, a provoqué une avalanche de critiques de la part de Québécois qui s’étaient déjà procuré cette carte à plein tarif.

« On venait d’acheter nos cartes lorsque ç’a été annoncé. C’est un manque de respect », dénonce Anabela Nunes. Mme Nunes et son conjoint, qui habitent Laval, sont d’autant plus déçus qu’ils avaient prévu d'acheter leurs cartes seulement le 25 juin, en arrivant au parc national du Bic pour leur première réservation. C’est une employée de la SEPAQ qui lui a conseillé de se la procurer plus tôt, pour s’assurer de recevoir ses nuitées de camping gratuites avant le début de son séjour, explique-t-elle.

Le rabais de 50 % sur la carte annuelle Parcs nationaux du Québec est une des initiatives du gouvernement Legault pour inciter les Québécois à prendre des vacances dans la province. Cette carte, qui procure un accès illimité aux 24 parcs de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), coûte habituellement 80,25 $ par adulte. Mais à partir du 22 juin, elle sera vendue 40,13 $ en ligne, a annoncé la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, jeudi dernier.

Environ 60 000 Québécois achètent cette carte à plein prix chaque année.

« Il y a quelque chose qui n’est pas équitable et qui ne respecte pas les utilisateurs de longue date », déplore Mario Côté, fidèle au réseau de la SEPAQ depuis une vingtaine d’années. « On fait fi de tous ceux qui renouvellement automatiquement leur carte », souligne ce Longueuillois. La sienne arrivait à échéance en avril, mais avec la prolongation de deux mois appliquée en raison du confinement, il pourra attendre au 22 juin. Il espère néanmoins que Québec ajustera le tir pour ceux qui n’ont pas eu cette chance. « C’est la raison pour laquelle j’ai réagi sur la page de la SEPAQ : pour que ce soit enregistré », dit-il.

Il est loin d’être le seul. La publication de la SEPAQ annonçant le rabais, qui a été mise en ligne sur Facebook jeudi, affichait plus de 1700 commentaires au compteur lundi. Beaucoup d’utilisateurs étaient très critiques de cette offre dont ils n’avaient pu se prévaloir.

La SEPAQ a aussi enregistré 120 plaintes formelles, indique son porte-parole Simon Boivin.

Objectif : « générer de nouvelles dépenses »

Plusieurs titulaires demandent qu’on leur rembourse la moitié du prix payé. « Malheureusement, ce n’est pas possible », a répondu la SEPAQ à plusieurs reprises sur Facebook.

Même réponse pour ceux qui ont acheté une carte annuelle pour un seul parc, au coût de 44,50 $ – soit 3,37 $ de plus que la carte donnant accès à tous les parcs qui sera offerte lundi prochain.

La SEPAQ relève du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, mais les fonds qui lui permettent d’offrir ce rabais proviennent du ministère du Tourisme. Celui-ci a réservé 5 millions de dollars de son plan de relance à cette carte au rabais.

« L’objectif du ministère du Tourisme, c’est de générer de nouvelles dépenses de gens qui ne l’auraient pas achetée autrement », fait valoir M. Boivin.

Les plaintes et réclamations qui se sont accumulées durant la fin de semaine ne sont cependant pas passées inaperçues au bureau du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour. « La SEPAQ nous a dit qu’elle allait trouver une solution », a indiqué le porte-parole du ministre, Carl Charest, à La Presse lundi.

Autre option

Devant la grogne, la SEPAQ a ajouté une option. Ceux qui ont acheté leur carte annuelle à plein prix pourront s’en procurer une autre à moitié prix à compter du 22 juin, afin de prolonger leur accès d’une année, explique le porte-parole de l’organisme.

Par exemple, un titulaire aurait acheté sa carte au coût de 80,25 $ le 1er juin dernier pourrait s’en procurer une nouvelle à 40,13 $, et demander qu’elle soit activée seulement à l’échéance de sa carte actuelle, en juin 2021.

« C’est une façon qui nous apparaît équitable de faire en sorte que chacun puisse profiter du rabais qui est offert tout en respectant – et en étant cohérent avec – la volonté de la mesure du tourisme », a dit M. Boivin.

L’offre n’était pas encore affichée lundi en fin de journée. « On est en train de réfléchir à la meilleure façon de rejoindre ces gens-là en particulier. »