(Montréal) Si l’on répète sans cesse que les enfants sont importants, et que l’on se dit choqué lorsque des bambins perdent la vie, il faut mettre l’argent nécessaire pour régler les lacunes du système de la protection de la jeunesse.

Il s’agit là d’un résumé de l’une des nombreuses recommandations formulées par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) à la commission spéciale sur la DPJ.

Ses représentants ont témoigné jeudi matin — en mode virtuel — devant la présidente Régine Laurent, lors de cette ultime journée des audiences publiques.

Les représentants ont fait écho à ce que d’autres ont dit avant eux : il manque d’argent et par conséquent, il manque de personnel pour accorder aux enfants toute l’attention dont ils ont besoin.

« Il est primordial d’allouer des ressources financières conséquentes qui reflètent l’importance accordée aux enfants dans notre société », a affirmé Philippe-André Tessier, président de la CDPDJ, lors de son passage devant les commissaires.

Cela fait 40 ans que la CDPDJ surveille le traitement accordé aux enfants.

Elle n’en est donc pas à ses premières plaintes contre le système, notamment au sujet des délais de traitement qui s’accumulent aux différentes étapes de l’application de la Loi sur la Protection de la jeunesse.

Les temps d’attente rendent les enfants encore plus vulnérables et à risque de négligence et de mauvais traitements, a fait valoir Suzanne Arpin, vice-présidente de la CDPDJ responsable du mandat jeunesse.

Elle recommande aussi un suivi plus serré des enfants placés en familles d’accueil, afin de s’assurer que l’endroit est adéquat — ce qui n’est pas toujours le cas.

Les intervenants doivent communiquer avec les jeunes seuls à seuls, et se rendre sur les lieux d’hébergement pour voir la situation de leurs propres yeux.

Plus d’implication du gouvernement

La CDPDJ effectue des enquêtes individuelles sur des cas d’enfants spécifiques, mais aussi de grandes enquêtes systémiques. Elle formule ensuite des recommandations, pour corriger le tir.

Mais pour que ses recommandations aient un réel effet, la CDPDJ souhaite qu’il y ait un processus formel de publicisation de ses recommandations lorsque celles-ci n’ont pas été respectées.

La CDPDJ recommande qu’un rapport, détaillant les recommandations non suivies, soit déposé à l’Assemblée nationale.

Mme Arpin a déploré être encore en train de poursuivre des recommandations faites au gouvernement en 2017 au terme de son enquête systémique sur les services de protection de la jeunesse du Saguenay – Lac-Saint-Jean.

« On veut des obligations de suivi pour le gouvernement », a dit M. Tessier.

La CDPDJ recommande aussi que la responsabilité de veiller au respect des droits des enfants soit attribuée à un ministre.

Les audiences de la commission Laurent se poursuivent jeudi après-midi.