(Montréal) La Fondation Mira calcule que la pandémie de coronavirus lui a fait perdre au moins un million de dollars en revenus depuis le début de la crise, un montant qui pourrait doubler d’ici la fin de l’année.

Toutes les activités de financement dont la fondation dépend pour fonctionner — des tournois de golf aux randonnées en vélo en passant par les non-voyants qui font de la sollicitation dans les centres commerciaux et les soupers-bénéfice — ont été anéanties par le virus.

« Si on voulait survivre à cette tempête-là, il fallait absolument arrêter les opérations et regarder comment on allait se relever de ça, a expliqué en entrevue le directeur général de Mira, Nicolas St-Pierre.

«Comme capitaine de bateau, j’ai dit, "on va réduire les voiles le plus possible, on va attendre que la tempête passe, et ensuite on verra ce qu’on est capables de remonter pour être le plus loin possible des roches". »

Mira n’a donc fonctionné pendant quelques semaines qu’avec le personnel strictement nécessaire pour assurer le bien-être de ses chiens.

La fondation étudie maintenant en vertu de quel modèle elle pourra poursuivre ses activités, notamment pour pouvoir continuer à donner ses chiens gratuitement, quitte à remettre en question des façons de faire vieilles de quarante ans.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

« On va avoir besoin d’aide au cours de la prochaine année, a prévenu M. St-Pierre. Les organismes sans but lucratif comme nous, nous sommes les premiers à être coupés dans les budgets personnels [de la population], ce qui est très compréhensible.

«La seule chose qu’on peut dire dans un OBNL c’est qu’on sait quel argent sort, mais pas quel argent rentre. »

Reprise graduelle

Les activités de Mira reprendront graduellement au cours des prochains jours, tout d’abord avec le retour progressif des employés, « mais vraiment au compte-goutte pour voir comment ça va », a indiqué M. St-Pierre.

Les familles qui accueillent les chiots pendant plus d’un an avant le début de leur formation de chien-guide ou de chien d’assistance ont recommencé quant à elles à venir les chercher, une famille à la fois pour respecter la distanciation nécessaire.

Mira s’est tournée pendant la crise vers des familles d’expérience, « tatouées Mira », qui n’auraient pas besoin d’aide, puisqu’aucun employé n’était disponible pour leur expliquer comment gérer un chiot.

« Je vois à quel point les gens sont contents de venir chercher [un chiot], a dit M. St-Pierre, qui raconte en rigolant avoir vu un homme couché au sol, à l’extérieur, pour jouer avec son nouveau compagnon.

«Je pense qu’il y a un phénomène assez intéressant : les gens sont à la maison, il va y avoir plus de télétravail, donc je pense que les gens vont avoir le goût d’avoir un chien à la maison et là on a beaucoup de demandes de gens qui sont prêts à acheter des chiens s’ils ne font pas l’affaire à l’entraînement, on a beaucoup de gens qui veulent être famille d’accueil. »

Il rappelle toutefois qu’il s’agit d’une « décision sérieuse et réfléchie » et prévient qu’« il faut vraiment être prêt à investir du temps avec ton partenaire poilu ».

Mira s’est assurée, pendant la crise, de communiquer avec chacun de ses quelque 1200 bénéficiaires pour vérifier qu’humain et animal allaient bien.

« Ce qu’on a le plus entendu c’est, "une chance qu’on avait nos chiens pour passer au travers de ces moments-là". Donc c’est un baume et on se dit, "ok, on lâche pas" », a conclu M. St-Pierre.