(Montréal) L’idée d’une négociation accélérée avec Québec pour renouveler les conventions collectives du secteur public semble maintenant écartée, mais des parties sont ouvertes à poursuivre les discussions, malgré un contexte économique et social incertain.

Maintenant que les deux sujets les plus urgents ont été réglés, à savoir les mesures de protection du personnel contre le coronavirus et les primes aux travailleurs dans la santé, les parties pourront se concentrer sur la négociation du renouvellement des conventions collectives, a fait savoir le président du Conseil du trésor, Christian Dubé.

« C’est évident que d’essayer de régler des conventions collectives pour cinq grandes centrales qui représentent 550 000 personnes, c’était un exploit assez difficile. Par contre, on ne veut pas s’empêcher de leur donner cette possibilité-là », a affirmé le ministre Dubé, au cours de sa conférence de presse sur les primes pour les travailleurs de la santé, jeudi après-midi.

Québec avait proposé une négociation accélérée aux centrales syndicales, le 15 mars dernier, mais les conventions sont maintenant échues depuis le 31 mars et le plus urgent a été réglé, a-t-il fait valoir.

Au cours des derniers jours, des centrales syndicales ont rapporté que Québec offre maintenant 1,75, puis 1,75 et 1,5 % d’augmentations sur trois ans. Le ministre Dubé n’a ni confirmé ni infirmé ces chiffres.

Il a tout de même justifié ses offres, en les qualifiant de raisonnables, et en laissant entendre qu’on ne sait pas de quoi aura l’air le contexte économique et financier dans quelques mois.

« On a voulu s’assurer que ce qu’on connaît aujourd’hui comme conditions, on les connaît aujourd’hui. Et notre offre que l’on trouve — c’est notre version à nous — plus que raisonnable, reflète les conditions qui étaient en place le 15 mars. Est-ce que ces conditions-là vont durer ? Moi, si vous me le demandez aujourd’hui, à la vitesse des changements que l’on connaît, il n’y a grand monde qui est capable de dire qu’est-ce que ça va être dans deux mois, dans six mois », a lancé le ministre Dubé.

FTQ ouverte

En entrevue avec La Presse canadienne, le président de la FTQ, Daniel Boyer, a déploré le fait que les organisations syndicales ont dû perdre un temps précieux pour négocier le renouvellement des primes qui arrivaient à échéance le 30 mars — celles des préposés aux bénéficiaires, ouvriers spécialisés, psychologues et autres. Celles-ci auraient dû être reconduites sans embûche, plaide-t-il. Elles ont d’ailleurs fini par l’être, pour six mois.

Mais M. Boyer estime qu’il est possible de négocier les conventions collectives des secteurs public et parapublic maintenant.

« Il y a une opportunité qui nous est offerte. Ça peut paraître ésotérique de négocier, alors que le Québec est sens dessus dessous, mais on est capable de faire deux choses en même temps », objecte M. Boyer.

« C’est même une bonne affaire de le faire en ce moment, parce qu’au lendemain de la crise, on va avoir un grand défi de redressement économique devant nous. Et on va avoir d’autres chats à fouetter », ajoute le président de la plus grande centrale syndicale du Québec.

Mais la FTQ ne compte pas précipiter les choses non plus. « On souhaite prendre le temps de bien faire les choses. On ne sent pas qu’on est dans une négociation accélérée. »