(Montréal) La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes est à demi-satisfaite du budget Girard, qui a prévu mardi 181 millions sur cinq ans pour mieux soutenir les femmes victimes de violence conjugale.

De cette somme de 181 millions, 120 millions sont destinés aux maisons d’hébergement, a précisé mercredi en entrevue Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.

Ces 120 millions sur cinq ans représentent en moyenne 24 millions par année, ce qui est insuffisant même pour combler les besoins des maisons actuelles, c’est-à-dire les maisons d’urgence et les maisons dites de deuxième étape (pour le plus long terme), a fait valoir Mme Monastesse.

Néanmoins, Mme Monastesse concède qu’il s’agit de « montants importants » et juge qu’elle a reçu « une bonne écoute » du gouvernement Legault, elle qui revendiquait un meilleur financement depuis des années. Avec le portrait global, elle se dit « mi-figue mi-raisin ».

La Fédération évalue les besoins à 43,3 millions pour consolider les 36 maisons qu’elle représente (32 millions) et ses maisons de deuxième étape. Et c’est sans compter les autres maisons qui sont sous l’égide d’un autre regroupement, ainsi que les maisons indépendantes.

À Québec, la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, s’est dite fière d’avoir tout de même pu obtenir autant d’argent dans le cadre du budget déposé mardi. « On a vraiment un pas dans la bonne direction. On va pouvoir enfin travailler de façon convenable pour sécuriser les femmes », a-t-elle commenté.

Reste à savoir comment ces sommes seront réparties entre les maisons et entre les besoins de consolidation du réseau existant et le développement de nouvelles places.

Mme Monastesse a souligné que l’an dernier, 15 000 demandes d’hébergement ont dû être refusées, faute de place ou de budget. C’était 9800 l’année précédente. Et il s’agit là seulement des 36 maisons représentées par la Fédération.

« On ne s’est pas encore assis avec les responsables, les hauts fonctionnaires et le personnel politique pour savoir comment on va départager tout ça. Mais c’est évident que ces sommes-là vont aller principalement en consolidation [par opposition au développement de nouvelles maisons]. Ça va être beaucoup de consolidation des équipes pour mieux offrir des services aux femmes et aux enfants. Concrètement, ça veut dire engager plus d’intervenantes » a illustré, Mme Monastesse.

La ministre Charest a confirmé qu’il faudra maintenant discuter de la répartition des fonds avec les parties. « C’est ce qu’on va voir dans les prochaines semaines. »

Les maisons d’hébergement pour femmes accueillent non seulement des femmes victimes de violence conjugale, mais aussi des femmes itinérantes, des femmes victimes d’agression, de traite de personnes, de mariages forcés, des aînées victimes de violence par un proche aidant ou un membre de la famille.