(Montréal) À la veille du budget Girard, la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes se dit « plutôt optimiste » ; elle espère que son appel à l’aide a été entendu par le gouvernement Legault.

L’an dernier, 15 000 demandes d’hébergement ont dû être refusées, faute de place ou de budget, a souligné en entrevue jeudi Manon Monastesse, directrice de la fédération. Et c’était 9800 l’année précédente. Et il s’agit là seulement des 36 maisons représentées par la Fédération, car il existe d’autres maisons, indépendantes ou représentées par un autre regroupement.

Mme Monastesse évalue à 44 millions la somme qui serait nécessaire aux maisons représentées par sa fédération seulement, et uniquement pour consolider les acquis, sans parler de développement des services.

De cette somme, 32 millions seraient requis pour les places dans les maisons régulières et 12 millions pour les places dans les maisons de seconde étape — des maisons où une femme peut être accueillie à long terme, pour un an, deux ans, « un chaînon crucial », décrit Mme Monastesse.

« Les maisons vieillissent, alors ce sont des frais reliés à l’immobilier, des frais reliés au fonctionnement. Là, les maisons sont rendues à couper des postes, à fermer des chambres, à couper dans les services externes. Là, on est vraiment rendus à une situation critique », a-t-elle prévenu.

Néanmoins, elle se réjouit d’avoir pu rencontrer à quelques reprises la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, et ses collègues Sonia LeBel, de la Justice, Geneviève Guilbault, de la Sécurité publique, et Danielle McCann, de la Santé et des Services sociaux.

« Si ça va avec ce qu’ils laissent… il y a comme de petites fuites… On se sent plutôt optimiste, mais l’heure de vérité, ça va être vraiment mardi prochain. Mais on sait qu’on a été entendues », a-t-elle conclu.

Une maison d’hébergement de 12 places reçoit une subvention d’environ 600 000 $ en moyenne.

Les maisons d’hébergement pour femmes accueillent non seulement des femmes victimes de violence conjugale, mais aussi des femmes itinérantes, des femmes victimes d’agression, de traite de personnes, de mariages forcés, des aînées victimes de violence par un proche aidant ou un membre de la famille.

« La demande est vraiment exponentielle. Le taux d’occupation moyen pour cette année est de 94 %. Ça fait juste augmenter. Il y a des régions où les taux sont de plus de 100 %. En Outaouais, ce sont des maisons à pleine capacité. Il y a Chibougamau, en ce moment, où le taux d’occupation est à 134 %. Les besoins augmentent », a rapporté Mme Monastesse.