La Ville de Boisbriand n’a pas réussi à démontrer à la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) son besoin de construire 5000 unités d’habitation, dont des maisons unifamiliales, sur 139 hectares de terres cultivables.

Dans un avis d’orientation préliminaire daté du 18 février dernier, la CPTAQ estime donc que la demande de dézonage de la municipalité pour le projet connu sous le nom de Quartier-Forestia « devrait être refusée » notamment parce que les lots visés sont parmi les « meilleurs milieux agricoles au Québec ». Malgré la proximité du périmètre d’urbanisation et la présence des autoroutes 13 et 640, le secteur constitue « une superficie appréciable pour le développement et la pratique d’activités agricoles périurbaines, notamment les cultures maraîchères, les petits fruits et l’horticulture ornementale », écrit la CPTAQ.

De plus, on note que l’on retrouve un total de 24 hectares encore disponibles pour du développement immobilier à Boisbriand. À lui seul, ce dernier motif pourrait entraîner le rejet de la demande d’exclusion.

Or, ces 24 hectares sont déjà prévus pour le développement d’un quartier résidentiel. La construction des infrastructures municipales (rues, égouts, canalisations, etc.) est en chantier. La construction de maisons suivra, a indiqué mardi à La Presse la mairesse de Boisbriand, Marlene Cordato.

Cette dernière entend faire valoir son point de vue lors d’une éventuelle audition. « Je ne trouve pas que le projet est évalué à sa juste valeur », estime Mme Cordato qui précise que le secteur visé est le dernier en importance pouvant permettre à Boisbriand d’accueillir plus de nouveaux résidants.

On a beaucoup de demandes pour de l’habitation notamment parce qu’il y a 14 000 emplois sur notre territoire.

Marlene Cordato, mairesse de Boisbriand

« Il y a environ 10, ans, on a dû requalifier des terrains industriels pour faire du résidentiel parce que la pression était trop forte », signale-t-elle.

Par ailleurs, Mme Cordato déplore la position défavorable de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) à l’égard de sa demande de pouvoir construire en zone verte. La résolution du comité exécutif de la CMM souligne notamment qu’il existe des espaces disponibles pour la construction résidentielle à Boisbriand et plus largement, dans le territoire de la CMM, y compris dans la MRC Thérèse-De Blainville. La Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Outaouais-Laurentides s’est également opposée à la demande de Boisbriand.

« Rajuster le tir »

Le projet immobilier de 1,2 milliard est mené par le promoteur Le Quartier-Forestia, une entreprise créée spécifiquement pour l’occasion. On y retrouve comme porte-parole Raymond Lessard, fort connu pour plusieurs grands projets au cours des dernières décennies, notamment à Laval. M. Lessard travaille en partenariat avec des financiers de Toronto.

L’avocat du promoteur, François Bouchard, a indiqué à La Presse qu’il n’est pas question de baisser les bras à cette étape-ci, qu’« il faut rajuster le tir » puisqu’il s’agit d’une orientation préliminaire de la CPTAQ. Selon MBouchard, le secteur visé est en déclin sur le plan agricole alors que le réseau autoroutier à proximité donne une occasion de développer un projet avec une grande densité comme la CMM le demande.