(Smithers) Au moment où les chefs héréditaires des Wet’suwet’en se réunissaient à nouveau vendredi avec des ministres fédéraux et provinciaux, le Conseil mohawk de Kahnawake a proposé que ses Peacekeepers dirigent une force de police autochtone temporaire pour patrouiller dans le territoire de la Première Nation en Colombie-Britannique.

Le grand chef de Kahnawake, Joseph Norton, a affirmé vendredi que cette solution permettrait à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de se retirer du secteur pendant que les chefs héréditaires et les représentants des gouvernements négocient pour dénouer l’impasse qui a déclenché des manifestations un peu partout au pays et entraîné des perturbations du trafic ferroviaire depuis trois semaines.

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Le grand chef de Kahnawake, Joseph Norton

La GRC a dit être au courant d’une telle offre du Conseil mohawk de Kahnawake.

Cependant, la sergente Janelle Shoihet a fait valoir que toute décision concernant la prestation des services de police devrait inclure les gouvernements provincial et fédéral et les parties concernées.

Elle a affirmé qu’un certain nombre d’éléments devraient être examinés, notamment les lois provinciales et fédérales, les normes policières, les juridictions et les coûts.

Mme Shoihet a indiqué que la GRC restait déterminée à poursuivre les discussions alors qu’elle examine les solutions à court et à long terme.

Les membres de la GRC ont convenu de mettre fin aux patrouilles le long d’une route critique pendant que les discussions entre les chefs héréditaires et les gouvernements fédéral et provincial ont cours à Smithers, en Colombie-Britannique.

VIA Rail a indiqué que la plupart de ses services reprendront graduellement, y compris les liaisons entre Toronto et Montréal et Toronto et Ottawa à compter de mardi.

De plus, VIA Rail a affirmé qu’un train circulera de Toronto à Vancouver mercredi et reviendra dans la direction opposée deux jours plus tard, le 6 mars.

Pas de résolution rapide

Les chefs héréditaires Wet’suwet’en se sont réunis pour une deuxième journée avec des ministres, vendredi, mais un participant a mis en garde contre l’attente d’une résolution qui réglerait toutes les questions sur la table.

La ministre fédérale des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, et le ministre des Relations avec les Autochtones de la Colombie-Britannique, Scott Fraser, ont entamé jeudi après-midi des discussions très attendues avec les chefs héréditaires. Ils étaient de retour vendredi matin aux bureaux des Wet’suwet’en à Smithers. À l’issue d’une rencontre d’environ trois heures, jeudi, le ministre Fraser a déclaré que les discussions avaient été productives et que le ton était respectueux. La ministre Bennett a parlé « d’un très bon départ ».

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La ministre fédérale des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, et le ministre des Relations avec les Autochtones de la Colombie-Britannique, Scott Fraser

Les chefs héréditaires qualifient cette ronde de « première étape », notant que le premier ministre Justin Trudeau et son homologue provincial, John Horgan, avaient refusé les invitations à discuter du projet de gazoduc Coastal GasLink. Mme Bennett a semblé laisser la porte ouverte, vendredi, à une éventuelle rencontre impliquant les deux premiers ministres. « Nous devons travailler fort. Nous aimerions qu’une réunion avec les premiers ministres soit une bonne réunion, et nous devons encore travailler », a-t-elle déclaré vendredi avant d’entrer dans les bureaux des Wet’suwet’en. « Le ministre Fraser et moi avons été délégués par nos premiers ministres pour faire ce travail et c’est ce que nous allons faire. »

Nathan Cullen, un ancien député fédéral néo-démocrate qui assure la liaison entre les gouvernements et les chefs, a déclaré que beaucoup de travail était accompli, mais qu’il était peu probable que les parties parviennent à une large résolution vendredi.

Il est important d’établir la confiance pour parvenir à des solutions, qui doivent être trouvées à une table de négociation, a déclaré M. Cullen.

« Cela n’allait pas se produire à une barricade. Cela n’allait pas se produire lors d’une manifestation, a-t-il dit. Je continue d’espérer qu’on pourra construire sur ce qui sortira aujourd’hui (vendredi). »

M. Cullen a également déclaré que MM. Trudeau et Horgan n’avaient « explicitement pas » exclu une réunion avec les chefs.

M. Horgan rappelait jeudi qu’il avait déjà rencontré les chefs héréditaires dans le passé et qu’il était prêt à les rencontrer à nouveau, mais il devait y avoir des conditions pour un dialogue constructif — et la meilleure voie à suivre était de voir les ministres des Relations avec les Autochtones à la table, a-t-il dit. Le ministre Fraser a aussi rappelé qu’il avait eu 25 heures de discussions initiales avec les chefs héréditaires, il y a plusieurs semaines, et que son gouvernement avait travaillé en étroite collaboration avec eux, de sorte qu’ils se connaissent déjà bien.

Coastal GasLink prend une pause

Les pourparlers devaient se terminer vendredi, mais les ministres ont déclaré qu’ils étaient prêts à tous les scénarios et pourraient rester à Smithers en fin de semaine.

Avant le début de la réunion, jeudi, la GRC et l’entreprise Coastal GasLink, promoteur du gazoduc contesté, avaient déclaré qu’elles acceptaient les conditions des chefs pour permettre aux discussions de progresser. La compagnie de gaz naturel a consenti à une pause de deux jours dans ses activités dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique, tandis que la GRC s’est engagée à mettre fin aux patrouilles le long d’une route critique, pendant le déroulement des négociations.

L’opposition des chefs héréditaires au passage du gazoduc sur leur territoire traditionnel, couplée à leurs efforts pour limiter la présence policière chez eux, a déclenché des manifestations de soutien à travers le pays qui ont interrompu le service ferroviaire au cours des trois dernières semaines.

Le différend sur le projet de gazoduc Coastal GasLink a commencé il y a des mois, mais les tensions ont commencé à augmenter le 31 décembre, lorsque la Cour suprême de la Colombie-Britannique a accordé à l’entreprise une injonction interdisant toute obstruction des routes, ponts ou chantiers sur le territoire des Wet’suwet’en.

La GRC est intervenue le 6 février pour faire appliquer cette injonction. Quelques heures plus tard, les manifestants ont commencé à bloquer le trafic ferroviaire près de Belleville, en Ontario, empêchant le transport de marchandises et de passagers. D’autres chemins de fer ont ensuite été bloqués, notamment à Kanesatake, au sud de Montréal, et à Listuguj, en Gaspésie.