(Ottawa) Les chefs héréditaires wet’suwet’en et deux ministres, l’une fédérale et l’autre provincial, ont mis un terme à leur rencontre en début de soirée, heure locale, mais ils ont tous l’intention de la continuer dès vendredi matin.

La ministre fédérale des Relations Couronne-Autochtone, Carolyn Bennett, et le ministre des Relations avec les Autochtones de la Colombie-Britannique, Scott Fraser, n’ont donné aucune information précise sur la teneur des discussions.

La rencontre a duré moins de trois heures.

M. Fraser a indiqué les discussions avaient été productives, ajoutant que le ton avait été respectueux. Selon Mme Bennett, il s’agit d’un très bon départ.

Le chef héréditaire Na’moks a quitté les lieux sans faire de déclaration.

Une porte-parole du campement unist’ot’en, Freda Huson, a dit que l’ambiance était respectueuse.

Une membre de la communauté wet’suwet’en, Bonnie George, qui appuie le projet de gazoduc de Coastal GasLink, n’était pas invitée à la rencontre, mais elle a dit qu’elle et d’autres partisans du projet avaient pu entrer dans la salle de réunion et lire une déclaration affirmant que c’est toute la nation qui devait être représentée et pas seulement une petite faction.

Elle a reconnu que sa déclaration avait créé un « peu de tension ». Mme George a aussi dit que le ton était respectueux et croit qu’il s’agit d’une première étape vers la réconciliation.

Lever les barricades ?

Plus tôt, les chefs héréditaires wet’suwet’en ont publié une déclaration qui, très subtilement, invite leurs supporters à lever leurs barricades.

« Les chefs héréditaires wet’suwet’en remercient nos supporters pour leur dévouement infatigable et maintenant, les chefs ont besoin de temps pour discuter avec la Colombie-Britannique et le Canada dans une atmosphère de wiggus (respect) », peut-on lire dans le communiqué diffusé jeudi après-midi, avant la rencontre entre eux et les ministres Bennett et Fraser.

Dans ce texte, ils s’engagent également à ne pas entraver les routes sur leur territoire pour que leurs « invités » puissent passer.

Les chefs ont qualifié cette rencontre de « premier pas », ajoutant que les premiers ministres, Justin Trudeau et John Horgan, avaient refusé leur invitation à venir discuter de ces enjeux.

Dans le même esprit, la compagnie Coastal GasLink, responsable du projet de gazoduc qui a mis le feu aux poudres, a annoncé qu’elle prenait une pause de deux jours dans ses activités de construction dans la région de la rivière Morice, pour « faciliter le dialogue entre les chefs héréditaires et les représentants du gouvernement ».

« S’il y a quoi que ce soit à retenir aujourd’hui, c’est une victoire pour le dialogue et la résolution de conflits de façon pacifique », s’est réjoui Marc Miller, le ministre fédéral des Services aux Autochtones, lors d’une mêlée de presse aux portes des Communes.

Son collègue ministre des Transports, Marc Garneau, a affiché un optimisme prudent, espérant que la rencontre en Colombie-Britannique marquerait un « point tournant » et le début de la fin de la crise.

« La rencontre […], c’est quelque chose qu’on espérait depuis longtemps. […] J’espère bien sûr que les discussions iront bien et j’espère que les Mohawks de Kahnawake et aussi en Ontario vont prendre ça comme un signal positif et décider de baisser les bras et d’enlever les barricades », a-t-il déclaré, lors d’un point de presse au foyer de la Chambre des communes.

« On verra », a-t-il ajouté.

Cette crise en est à sa 22e journée.

Les deux ministres ont continué à prêcher la patience.

« On ne peut pas régler ça en une heure cet après-midi parce qu’il y a un enjeu qui existe en ce moment, qui concerne un gazoduc, mais il y a aussi des revendications qui remontent très très loin », a rappelé le ministre Garneau.

« Il reste encore des étapes à suivre, mais la rencontre d’aujourd’hui, c’est un très très bon début », a offert de son côté le ministre Miller.

Une réunion en mars

Par ailleurs, Justin Trudeau a choisi jeudi pour annoncer la date de la prochaine rencontre annuelle des premiers ministres du pays. Ce sera le 13 mars prochain.

Cette sixième réunion, comme les cinq précédentes, sera précédée, la veille, par une rencontre entre les premiers ministres et les dirigeants de l’Assemblée des Premières nations, de l’Inuit Tapiriit Kanatami et du Ralliement national des Métis.

« Cette rencontre mettra l’accent sur la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour changer véritablement la vie des familles et des communautés autochtones à travers le pays », a déclaré le premier ministre dans le communiqué annonçant les deux réunions.

Celle du 13 mars doit être l’occasion de discuter de lutte aux changements climatiques, d’exploitation de ressources naturelles « de manière durable » et de transferts aux provinces, entre autres sujets.