Des ministres fédéraux sont montés au front pour rappeler que le gouvernement fédéral demeurait toujours prêt à discuter avec les leaders autochtones pour mettre un terme à la crise qui paralyse la circulation ferroviaire au pays.

S’exprimant dimanche à l’émission The West Block sur les ondes de Global, la ministre des Relations Couronne-Autochtones Carolyn Bennett a dit que les négociations n’avaient jamais cessé, malgré l’impatience affichée par le premier ministre Justin Trudeau, vendredi.

« À aucun moment, nous n’avons cessé les négociations », a-t-elle déclaré.

Les dialogues sont productifs et toutes les parties progressent bien, a ajouté Mme Bennett.

Cette offensive médiatique du gouvernement fédéral survient au moment où les chefs héréditaires de la Première Nation de Wet’suwet’en doivent rentrer en Colombie-Britannique après avoir visité des communautés mohawks de l’est du Canada.

Les manifestants qui occupent des voies ferroviaires en signe de solidarité avec ces chefs qui s’opposent à un projet de gazoduc passant sur leur territoire ancestral n’ont donné aucun signe qu’ils avaient l’intention d’abandonner leur blocus.

Vendredi, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a appelé au démantèlement immédiat des barricades sur les voies ferroviaires. Il a insisté sur le fait que son gouvernement était ouvert au dialogue et toujours engagé dans le processus de réconciliation avec les chefs héréditaires des Wet’suwet’en. Ces tentatives de négociation sont cependant au point mort.

Mme Bennett a défendu l’idée de maintenir des canaux de communications pour poursuivre les discussions et de retirer la GRC du territoire de Wet’suwet’en. « [Ce sont] des critères vraiment importants pour nous aider à traverser cette période difficile et à nous engager dans une bonne voie ».

De son côté, le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a maintenu le cap mis par M. Trudeau. Il a réclamé à son tour le démantèlement des barricades tout en affirmant la volonté du gouvernement à dialoguer. Il a exhorté les chefs héréditaires à revenir à la table des négociations.

« Nous comprenons tous l’importance d’une résolution pacifique, mais d’une résolution rapide, car l’impact de ces barricades est inacceptable, intenable, a-t-il dit à l’émission Question Period de CTV. Il ne peut pas être maintenu en raison des inconvénients que cela cause. Nous avons confiance en la police pour faire le travail de manière pacifique. »

Selon lui, il incombe à la police de chaque juridiction de faire face aux blocus. M. Blair n’est pas chaud à l’idée d’envoyer des militaires pour expulser les manifestants des voies ferrées.

« Il n’est jamais approprié de se servir des Forces armées contre les Canadiens n’importe où au pays », a-t-il souligné. L’armée joue un essentiel dans ce pays, mais la police aussi. »

Conditions

Les chefs héréditaires disent eux aussi qu’ils sont prêts à discuter avec les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada dès que la GRC et Coastal Gas Link auront quitté leur territoire ancestral.

Le chef Na’Moks a déclaré dimanche que les pourparlers avec les Mohawks pour le démantèlement de la barricade érigée à Tyendinaga progressaient bien avant le discours de M. Trudeau qu’il a qualifié « d’antagoniste et de mal informé ».

PHOTO LARS HAGBERG, LA PRESSE CANADIENNE

La barricade érigée à Tyendinaga

« Si le premier ministre n’avait pas prononcé ce discours, les Mohawks auraient tout démantelé, a-t-il déclaré dimanche. Ils étaient prêts, nous étions au téléphone. »

Les cinq chefs héréditaires doivent se réunir lundi dans le nord de la Colombie-Britannique pour planifier les prochaines étapes. Les négociations avec la GRC pourront reprendre jeudi, au plus tôt, a ajouté Na’Moks.

Il a dit que les chefs ne céderont pas sur leurs demandes concernant le retrait de toutes les unités mobiles de la GRC à partir du kilomètre 29 de l’autoroute 16.

« Le détachement local peut s’occuper des patrouilles. Ce sont les agents qui viennent ici en rotation sur une base hebdomadaire que nous voulons voir partir. »

La GRC n’était pas disponible pour commenter la situation.

Les manifestants continuent de bloquer une voie ferroviaire importante du Canadien National, à l’est de Belleville, en Ontario. Ils soutiennent les chefs héréditaires qui s’opposent au projet, malgré l’appui donné à celui-ci par des conseils de bande élus.