Le vol AC837 d’Air Canada à destination de Toronto qui a fait des boucles durant près de cinq heures au-dessus de l’aéroport international Adolfo Suarez-Barajas de Madrid, en Espagne, a finalement pu atterrir en sécurité vers 19 h 30, heure locale.

« L’atterrissage donnait la frousse et était assez cahoteux, mais nous sommes là », a écrit Aaron C. un usager Twitter qui était à bord du vol AC837, et qui a diffusé plusieurs images durant les heures de vol au-dessus de Madrid.

Assurant la liaison Madrid-Toronto, le vol AC837 a connu des problèmes mécaniques vers 14 h 30 heure locale, selon ce qu’a affirmé Air Canada.

« Le vol AC837 d’Air Canada a vécu un problème avec un moteur peu après le décollage, a signalé la ligne aérienne. Un pneu aurait aussi connu une rupture, soit un des 10 pneus présents sur ce modèle d’avion. Les pilotes ont décidé de retourner à Madrid. »

Air Canada ajoute qu’il s’agissait d’un avion Boeing 767-300, avec 128 passagers à bord.

« Cet appareil est dessiné afin de pouvoir voler avec un seul moteur, et nos pilotes sont pleinement entraînés pour cette éventualité. Toutefois, une situation d’urgence a été déclenchée, ce qui permet d’obtenir une priorité d’atterrissage. Nous n’avons pas plus de détails actuellement. »

Selon des médias espagnols, la rupture d’un pneu se serait produite en premier, et des débris se seraient longés à l’intérieur du moteur gauche, le rendant inopérant.

Comme l’exige le protocole, les pilotes ont volé durant près de 5 heures à basse altitude au-dessus de Madrid et des environs, histoire de brûler du carburant pour réduire le poids de l’appareil.

Durant le vol, un F-18 de l’armée espagnole est venu inspecter l’appareil, s’approchant à quelques dizaines de mètres de celui-ci.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @THELASTFEDOR

Un passager de l’avion a pu apercevoir un jet militaire voler aux côtés de l’appareil.

Jean Lapointe, pilote et expert en aviation civile, dit être impressionné par cette façon de faire. « C’est génial d’avoir amené un F-18 à côté de l’avion pour aider les pilotes à savoir combien de pneus manquaient, explique-t-il en entrevue. C’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé. »

M. Lapointe note que ce type d’avion a été conçu pour atterrir sans l’aide de tous les pneus. « Si on a mis quatre pneus par jambe du train d’atterrissage, c’est qu’on a calculé qu’on était peut-être capable d’atterrir avec trois, voire deux. Les pilotes, on est entraîné pour ça en simulateur. »

En plus de 42 ans de pilotage professionnel, M. Lapointe dit n’avoir vécu qu’un seul bris de pneu.

« Et pour nous ça n’a même pas été un évènement important. Avec ce vol, on parle plutôt d’un atterrissage de précaution qu’un atterrissage d’urgence. Si ça avait été un atterrissage d’urgence, il se serait posé plus rapidement. »

Captées en soirée, des images diffusées par le quotidien El Pais montraient l’avion entouré de plusieurs véhicules d’urgence sur le tarmac de l’aéroport international de Madrid. Dans une autre vidéo, on entendait des passagers applaudir chaleureusement les pilotes après l’atterrissage réussi.

Présence de drones

L’opération de lundi a été rendue plus spectaculaire du fait que l’avion a volé durant de nombreuses heures dans le ciel de Madrid afin de brûler sur carburant pour alléger l’avion.

Une situation qui ne se serait pas produite si l’avion avait été équipé d’un mécanisme permettant de larguer du carburant, comme le sont les modèles d’avions plus récents que le Boeing 767, un avion de ligne mis en service en 1982 et qui n’est plus fabriqué aujourd’hui, note Jean Lapointe.

« Si ça avait été un Boeing 777 ou un Airbus 350, les pilotes n’auraient pas eu à tourner autour de l’aéroport pendant trois heures, ils auraient pu larguer du carburant dans l’atmosphère, et retourner atterrir après seulement 30 ou 45 minutes. »

Plus tôt lundi, l’aéroport international de Madrid avait été fermé durant deux heures en raison d’une présence possible de drones près de son territoire. Selon l’agence Reuters, deux pilotes avaient aperçu un drone qui volait près de la zone de décollage.

Les autorités espagnoles ont signalé que 26 vols ont été déroutés après que le drone eut été observé. Rien ne permet d’affirmer qu’un lien existe entre la possible présence de drone et les problèmes mécaniques du vol AC837.